Péages Bordeaux-Arcachon : "c'est scandaleux et anti-social", la concertation publique vient de débuter

L'État envisage l'élargissement à 2x3 voies de l'A63, entre Bordeaux et Salles, qui serait financé par une mise en concession privée. La concertation publique a débuté lundi 30 janvier, et dure jusqu'au 30 avril. La première réunion publique s'est tenue hier soir à Biganos.

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La concertation sur l’aménagement de l'A63 et l'A660 en Gironde est lancée. Les habitants peuvent s'exprimer sur l'élargissement à 2X3 voies sur 35 kilomètres entre Bordeaux et Arcachon,

Trois scénarios

Trois scénarios sont présentés dans le projet d'aménagement de l'A63 et de l'A660. Le premier est de ne rien faire.
Dans le second scénario, le projet de l'Etat est le suivant : mise à 2x3 voies de l'autoroute A63 Bordeaux-Espagne depuis la rocade jusqu’à Salles, la voie rapide A660 vers Arcachon mise sous statut d’autoroute.

Afin de financer cet aménagement, l’Etat prévoit la création de deux nouveaux péages sur autoroute jusqu’à présent gratuite, l’un à l’entrée du Bassin d’Arcachon sur l’A660 à la hauteur du Teich et l’autre, à l’entrée de l’agglomération bordelaise. 
Ces péages sont sans barrage avec un système de télépéage et supposent donc un abonnement qui serait de 1,40 euros pour un aller, donc de 2,80 euros pour un aller retour Arcachon-Bordeaux.

Coût du projet : 290 millions d'euros payés par les collectivités et les habitants pour un gain de temps de dix minutes. 

Une pétition en ligne recueille 25 000 signatures


C'est ce projet qui cristallise l'attention. "Toutes les communes du Bassin d’Arcachon, les intercommunalités, COBAS et COBAN, CDC du Val de L'eyre, Bordeaux Métropole et le Département de la Gironde ont répondu défavorablement à cette concession au privé et à la création de ces péages", indique Karine Desmoulin, première adjointe au maire du Teich et conseillère départementale de Gironde. L'élue a initié une pétition en ligne contre le projet qui a récolté 25 430 signatures à ce jour.

Carte de l'A660 entre Bordeaux et le bassin d'Arcachon, un axe routier gratuit à ce jour.

Le troisième scénario est de doubler l'autoroute entre Bordeaux et Cestas, point noir du trafic international des camions sur l'axe Europe du nord-sud de l'Europe, sans péage, pour un coût de 54 millions d'euros payés par l'Etat. Le gain de temps sur la portion serait de quatre minutes.

"Scandaleux et anti-social"

Une première réunion publique de concertation s'est déroulée mardi 31 janvier à Biganos. "Il y avait environ 70 participants, tous unanimes et opposés au projet", selon Bruno Lafon, maire de Biganos qui estime scandaleux ce projet de péage. 

Un emploi sur deux est sur l'agglomération bordelaise, mais c'est injuste de faire payer le problème d'engorgement lié aux camions, aux citoyens qui vont travailler avec leur voiture et ne peuvent pas prendre le train !

Bruno Lafon, maire de biganos

France 3 Aquitaine Web

Présent à la réunion également, le maire du Teich, François Deluga qui est vent debout contre le projet d'autoroute avec péage. "En gros, l'Etat veut financer l'infrastructure du trafic de camions avec l'argent des contribuables. C'est absolument scandaleux, surtout quand on connait les bénéfices des entreprises autoroutières qui augmenté encore aujourd'hui le tarif des péages de 5 % ! L'Etat est à la merci du lobbie des camionneurs !", dénonce-t-il.

"Il y a deux ans, ce sont déjà les collectivités et donc les contribuables locaux qui ont financé l'élargissement de l'A660 jusqu'à La Teste pour 53 millions d'euros. Aujourd'hui, on nous demande à nouveau de payer ? Pas question de financer les péages. Si l'Etat passe en force, on demandera le remboursement des 53 millions", s'agace le maire du Teich.

"Ce projet de péage est par ailleurs anti-social ! A raison de 2,80 euros un aller-retour, cela coûtera 100 euros par mois pour aller travailler à Bordeaux ?" 

C'est un retour au Moyen-Age, quand il y avait un octroi pour entrer dans Bordeaux pour les plus modestes !

François Deluga, maire du Teich

France 3 Aquitaine Web

290 millions pour un gain de 10 minutes 

Le dossier de concertation est consultable en mairie. François Deluga se dit prêt "à couper l'autoroute" et à mener des actions, si l'Etat n'entend pas la voix des élus locaux et des habitants du bassin d'Arcachon, qui compte 160 000 personnes. "Ce projet est aussi un frein à l'emploi, car le péage fera fuir les entreprises qui ne viendront plus s'installer chez nous."

"Dans le scénario 2, le projet à péage coûte 290 millions payés par les contribuables et les collectivités pour gagner seulement dix minutes de trajet entre le Teich et Bordeaux. Et le projet numéro 3, sans péage et payé par l'Etat, coûte 54 millions pour un gain de temps de quatre minutes entre Bordeaux et Cestas. Cela fait cher payé la minute", selon François Deluga qui ne décolère pas.

Lors de la réunion publique de Biganos, l'élu a fait par ailleurs remarquer aux représentants de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) Nouvelle-Aquitaine, qui ont pour mission de présenter le projet de concertation, que les statistiques et les chiffes sur le trafic routier présentés au public, ont été fournis par Eiffage, leader européen des constructions BTP et des concessions... 

Un autre scénario, qui n'est pas dans le dossier de concertation, a été abordé lors de la réunion par la voix de Marie-Hélène Des Egaulx. La sénateur-maire de Gujan-Mestras a repris une proposition d'Atlandes, qui possède la concession d'autoroutes jusqu'à Salles. La société aurait proposé un allongement du contrat de concession, en échange de ne faire peser les péages uniquement sur les camions, puisque ce sont eux qui créent l'engorgement sur l'A63...

Améliorer la sécurité routière

Pour motiver le projet, l'Etat s'appuie sur les chiffres du trafic routier. "L’A 63 fait partie des infrastructures qui ont subi les plus fortes croissances de trafic en France ces dernières années, avec une augmentation annuelle moyenne supérieure à 3 % ".

Le trafic est d’environ 80 000 véhicules par jour à l’approche de Bordeaux, et de 30 000 véhicules par jour sur la voie rapide du sud Bassin.

À la sortie sud de la rocade de Bordeaux, un véhicule sur trois est un camion. Sur les 35 kilomètres d’A63 entre Bordeaux et Salles (au sud de l’embranchement vers Arcachon), les temps de parcours peuvent aller de 21 minutes à plus d’une heure. La sécurité routière n'est pas assurée dans ces conditions de circulation.

Comment  participer à la concertation ?

La concertation publique s'adresse à tous et vous pouvez consulter les documents du projet de mise à 2X3 voies de l'A63 et donner votre avis sur le site de la DREAL.

Des réunions publiques seront également organisées. La prochaine se tiendra à Gradignan le 21 février, 18h30 à la salle du solarium.

Retrouver toutes les dates des réunions publiques et des ateliers sur le site de la DREAL Nouvelle-Aquitaine

Accéder au dossier de concertation de l'aménagement de l'A63 et de l'A660

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