Les élus du Bassin d'Arcachon disent Non à un péage pour financer une partie de l'élargissement de l'autoroute entre Bordeaux et l'Espagne. Le passage à 2X3 voies, entre Bordeaux et Salles serait financé par une concession privée qui engloberait l'A660.
C’est ce qu’on appelle un serpent de mer. L’autoroute A63, qui conduit les automobilistes et les poids lourds à la frontière espagnole et qui voit passer 30.000 véhicules par jour est de nouveau sujet à débat. Ou plus exactement l’agrandissement du tronçon entre Bordeaux et Salles et son passage à 2x3 voies.
L’élargissement serait financé par une concession autonome, c’est-à-dire privée, qui engloberait l'A660 vers Arcachon avec l’installation d’un péage. Pour l’Etat, ce financement éviterait un impôt supplémentaire, le coût du projet dépassant les 200 millions d’euros. Les élus du Val de L'Eyre et le sud du Bassin d'Arcachon qui ont reçu un courrier de la préfecture sont vent debout.
Oui à un élargissement à trois voies. Non à un péage !
Ils ne sont pas contre le principe d'un élargissement de l'A63 bien au contraire "avec l’aménagement d’une voie dédiée aux véhicules à fort taux d’occupation" mais ils estiment que l’autoroute A 660 n’a rien à voir avec le projet.
On nous fait payer deux fois, on vient de payer 55 millions d’euros, on va en rajouter 10 pour aller jusqu’à Arcachon et maintenant on va nous faire payer pour utiliser la voie qu’on vient de payer, c’est caricatural !
Les élus rappellent, que l’A660, qui dessert le Sud-Bassin, jusqu’à La Hume n’a pas d’intérêt national ni européen, qu’elle n’est pas une autoroute de transit mais une autoroute de desserte interne, propre aux habitants. Un péage à l’entrée du Tech obligerait ces derniers à payer pour rentrer chez eux et cela est inconcevable pour François Deluga.
Le maire du Teich et vice-président de la communauté d'agglomération du Sud Bassin dénonce une situation révoltante et rappelle que la Cobas a financé les travaux de l’A660 et les deux échangeurs jusqu’à la Hume.
"Je suis sidéré ! C’est scandaleux de mettre un octroi avec un retour au Moyen Age. Cette autoroute ne dessert que les habitants et les entreprises du sud bassin. Nous venons de payer 55 millions le doublement jusqu’à la teste avec les échangeurs, le chantier se termine en juin et nous travaillons actuellement à préparer la suite financée à 100% avec la Cobas jusqu’à Arcachon. Et on nous explique qu’on va payer une deuxième fois en mettent un péage à l’entrée !"
Des routes internes déjà saturées
Les élus redoutent un report massif de trafic via Mios, Lacanau, Biganos sur les routes internes déjà saturées pour ne pas payer l’autoroute. Un report de trafic avec des conséquences sur la voirie, l'environnement, la polution de l'air.
"C’est pour cela qu’on double la nationale 250, et que l’on fait des aménagements pour fluidifier la circulation sur nos territoires pour déporter sur l’autoroute afin de désengorger nos villes" souligne François Deluga.
Les pouvoirs publics tâtent le terrain
Pour le moment, la préfecture affirme qu'aucune décision n'a encore été prise. Il s'agit pour l'instant d'une simple consultation des élus locaux, préalable à la concertation publique.
« Le projet est actuellement dans une phase très amont, préalable à la concertation publique », explique la préfecture. « Compte tenu de son ampleur, la Commission nationale du débat public (CNDP) doit être saisie pour se prononcer sur les modalités de concertation et de débat public. »
De leur cotés, les élus menacent d’aller jusqu’au bout si ce projet venait à voir le jour. Cela signifie qu’ils porteraient l’affaire devant la justice y compris au niveau européen avec comme exigence le remboursement du coût des travaux engagés c’est-à-dire 55 millions d’euros.