Plusieurs rassemblements ont eu lieu en Nouvelle-Aquitaine comme partout en France pour « dire non à l’extrême droite » en cette date historique du 21 avril. À Bordeaux, Pau et Bayonne, environ 1 000 personnes ont répondu à l'appel national lancé par de nombreuses organisations et syndicats.
Vingt ans jour pour jour après le tremblement politique de la présence de Jean-Marie Le Pen et du Front national face à Jacques Chirac au second tour de l'élection présidentielle 2002, des centaines de rassemblements contre l'extrême droite ont eu lieu, jeudi 21 avril, à travers la France.
Près de 1 000 personnes de la société civile se sont réunies sur les trois cortèges organisés dans la région à Bordeaux, Pau et Bayonne pour signifier leur rejet des idées portées par la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, à trois jours du deuxième tour face au président-candidat Emmanuel Macron.
Des mobilisations historiques face au traumatisme de 2002 à la "normalisation" de l'extrême droite en 2022
Presque vingt ans plus tôt, le 27 avril 2002, une manifestation pour déjà faire barrage à l'extrême droite avait réuni 13 000 personnes sur Bordeaux, près de 4 000 à Bayonne, le 21 avril, à l'appel d'associations, de partis politiques et d'organisations locales basques (Batasuna, Abertzale) et 3 000 étudiants dans les rues de Pau.
Tous étaient donc unis une nouvelle fois pour lutter contre le programme et l'incarnation de l'extrême droite, tout comme l'infusion progressive de ses idées au sein de la société.Une mobilisation citoyenne et intergénérationnelle sur l'ensemble du pays, à l'initiative de plusieurs partis de gauche, associations et syndicats (la Ligue des Droits de l'Homme, la CGT, Greenpeace...).
Le cortège bordelais de plus de 600 personnes s'est élancé à 18h depuis le Parvis des droits de l’Homme pour ensuite se déplacer vers la Place de la Victoire. À Pau, ce sont 200 personnes qui sont descendues dans la rue et une centaine environ du côté de Bayonne pour délivrer un message commun.
"L'histoire nous enseigne que lorsque l'extrême droite arrive au pouvoir, elle s'en prend aux femmes, aux minorités, aux étrangers et aux musulmans. Et après, c'est à la démocratie toute entière qu'elle s'en prend", s'exprime Pierre-Antoine Cazau, président de la Ligue des Droits de l'Homme de Bordeaux. Donc le danger est réel et important, même si on a de moins en moins conscience de cela. La perméabilité des idées d'extrême droite fait qu'elle peut aujourd'hui arriver au pouvoir."
Des slogans anti-Le Pen mais aussi contre la politique d'Emmanuel Macron
Un véritable cas de conscience également pour certains électeurs pas convaincus non plus par le mandat d'Emmanuel Macron. Même si l'appel à faire barrage à Marine Le Pen le 24 avril prochain, certains se réservent le droit de privilégier un vote blanc ou encore de s’abstenir. Preuve que tous ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde.
"La colère des gens est légitime après des décennies de politiques néolibérales, notamment sous Macron. Elles ont aggravé considérablement les inégalités dans les territoires où les gens se sont appauvris énormément. La casse des services publics on la voit partout, explique Laurence Laborde, secrétaire départementale de la FSU Gironde. Que ce soit dans la santé ou l'éducation, tout cela est dramatique."
En 2017, le rapport de force du second tour avait largement tourné à l'avantage du candidat En Marche, Emmanuel Macron, avec 68,65% contre 31,35% en faveur de Marine Le Pen. Cinq ans plus tard, au soir du premier tour le 10 avril dernier, Emmanuel Macron était arrivé en tête avec 27,64% des suffrages contre 22,80% pour Marine Le Pen sur l'ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine.