Ce lundi 4 septembre, c’est la rentrée pour 570 026 élèves dans l’académie de Bordeaux. À Lormont, près de Bordeaux en Gironde, le retour en classe est particulier pour les enfants de l’école maternelle Condorcet. Elle fait partie des 250 établissements scolaires pris pour cible par les émeutiers, fin juin, après la mort de Nahel.
"Tu as passé un bon été ? Tu sais que tu es encore dans ma classe cette année ? Tu peux entrer avec tes parents, vas-y !."
Les crayons sont dans les trousses et les trousses dans les cartables. Ce lundi matin, la rentrée a une saveur différente pour les 120 élèves de cette école, installée dans le quartier populaire Génicart de Lormont, commune voisine de Bordeaux sur la rive droite.
Peut-être plus que d’autres, ils sont heureux de retrouver le chemin des classes, eux qui avaient été contraints de partir une semaine plus tôt en vacances. Leur établissement, classé en réseau d’éducation prioritaire, avait été visé par les violences urbaines dans la nuit du 29 juin 2023, avec un incendie provoquant de nombreux dégâts matériels. Des affaires et des activités, réalisées par les enfants, pendant l’année scolaire, avaient aussi été détruites. À l'époque, les enseignants avaient même lancé une cagnotte en ligne pour récolter des fonds et assurer la reconstruction.
Des parents rassurés et des enseignants soulagés
Alors en ce premier jour, au moment de laisser leurs petits, les parents sont rassurés. Ces derniers retrouvent leur quotidien et ne seront pas répartis dans d’autres établissements de la ville, ce qu’ils redoutaient. "Je suis content que ma fille revienne dans cette école et retrouve ses copains, ses repères, explique ce père de famille. Au départ, on était un peu stressé que les enfants soient dispatchés, mais la mairie a fait un bon travail".
"Cela reste la même école, les mêmes locaux, les mêmes professeurs, cela fait plaisir," ajoute cette jeune maman. Ma fille est contente. Elle est juste un peu perturbée parce qu’elle change de maîtresse". Un sentiment partagé par la mère du petit Illiès. "Ils ont fait du bon travail, dit-elle, même si elle constate qu’il y avait plus de choses l’année passée."
Les grands travaux
Durant l’été, les agents territoriaux ont remis en état l’établissement. Un grand nettoyage a été opéré, la suie qui recouvrait les murs a été effacée. Des travaux de décontamination dans les salles de classe ont été réalisés après les fumées toxiques qui s’étaient propagées dans tout le bâtiment. Des classes ont dû être entièrement vidées. Seules des tables et des chaises ont pu être conservées. Le matériel pédagogique abîmé a été remplacé. Le chantier de remise en état des salles de classe a pu être achevé dans les temps.
Seule trace des émeutes, la grande salle de motricité d’où est parti le feu, et qui sert de salle de jeux et d’activités, reste inaccessible. Elle est remplacée par un préfabriqué dans la cour de récréation. Une solution temporaire qui n’affecte pas les enseignants trop heureux de retrouver les enfants.
"Je suis contente qu’ils soient tous revenus", confie avec un grand sourire Bérénice Piault.
Nous n’avions pas pu terminer l’année avec nos élèves. Ils n’avaient pas pu récupérer leur travail. Certains n’avaient pas pu nous dire au revoir. Il y a eu un gros stress dans les familles, un traumatisme.
Bérénice Piault - professeure des écoles à LormontFrance 3 Aquitaine
L’enseignante de petite, moyenne et grande section ne cache pas son émotion après un été de travail.
"Il a fallu déballer des dizaines de cartons, remonter des meubles, réinstaller les nouveaux outils pédagogiques, mais je me dis que ça va aller de mieux en mieux," confie-t-elle avec optimisme avant de fermer la porte de sa classe et renouer le contact avec ses élèves.