Rentrée scolaire et Covid 19 : "Il n'y a pas de règles claires et tout le monde est un peu inquiet"

La forte propagation du variant Omicron perturbe la rentrée scolaire. Malgré cela, les protocoles d'accueil ou d'isolement lors de cas contact n'ont pas évolué, voire ont été revus à la baisse. Ce que dénoncent les syndicats d'enseignants.

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Ce 3 janvier, certains élèves manquent à l'appel. A l'école élémentaire Saint-Joseph de Tivoli à Bordeaux, on comptait par exemple, ce lundi matin, 40 absents sur 350 élèves, soit presque le double par rapport à une semaine classique.

Pour l'équipe encadrante et enseignante, il a fallu s'organiser très rapidement car les protocoles ont été communiqués tardivement dimanche 2 janvier, veille de rentrée comme en témoigne Anne-Marie Turroques, chef d'établissement de l'école élémentaire. 

On est excédés par le manque d'informations. On est informés au dernier moment, c'est ce qui nous fatigue le plus.

Anne-Marie Turroques - école élémentaire St-Joseph de Tivoli - Bordeaux

France 3 Aquitaine

Avec ce nouveau protocole, ce système de tests, certains dénoncent une lourdeur et réclament un retour au distanciel. La chef d'établissement n'est pas d'accord : "Télétravailler et faire le travail aux enfants à la maison, c'est quelque chose de très compliqué. Fatigant pour les parents, pour les enfants aussi : ce n'est pas une bonne situation. Je pense que c'est important que les enfants puissent revenir à l'école mais peut-être en appliquant un autre protocole..."

"Plus de souplesse" selon l'Education nationale 

A l'inspection d'académie, on insiste sur la souplesse de ces nouvelles règles quand on est cas contact :"Tout est fait pour alléger le travail administratif (...) et aussi pour que les élèves puissent venir en classe", explique la rectrice Anne Bisagni-Faure.

" Le protocole est rigoureux mais donne un peu plus de souplesse si tant est qu'on fait les tests. Donc c'est une politique de dépistage".

La réaction des enseignants

Le protocole de cette rentrée 2022 a été mis à jour en fin d'après-midi ce dimanche 2 janvier. Du côté des enseignants et des encadrants, on ne comprend pas que le ministère n'ait pas retenu de l'expérience de décembre. Selon Samantha Fitte, du syndicat SNUIPP FSU Gironde, qui travaille en niveau élémentaire : "la situation sanitaire est telle qu'on la connaît en France et ça ne va pas s'arranger dans les écoles, (...) avec des situations extrêmement tendues comme on l'a vu au mois de décembre".

Elle explique que, malgré les nombreuses absences, les enseignants ne sont pas remplacés : "les enfants restent à la maison puisqu'ils ne peuvent plus être répartis dans les classes, bien-sûr. Ça désorganise complètement les écoles, les apprentissages, avec des parents qui se trouvent en difficulté le matin pour faire garder leurs enfants et une mise en place du travail à distance très compliquée à mettre en œuvre du jour au lendemain".

Avec  ce nouveau protocole, "on ne ferme plus les classes..." et ça les désorganise "avec des enfants à la maison et des enfants en classe", et qui reviennent au compte-gouttes...". "C'est un double travail, c'est impossible à mettre en œuvre ! Est-ce qu'il ne vaudrait mieux pas continuer à fermer les classes, histoire que tous les enfants aient le même enseignement, à la maison avec un travail à distance et reprennent tous en même temps" et "tout le monde sur le même pieds d'égalité".

Des recrutements et des règles claires 

Les syndicats d'enseignants du primaire réclament le retour à la politique de fermeture d'une classe dès le premier cas positif, mesure qui n'est plus en vigueur depuis le 29 novembre.

Samatha Fitte rappelle les demandes déjà effectuées auprès du gouvernement concernent déjà le recrutement. Comme ses collègue, elle a pu encore une fois observer le problème. En décembre en Gironde, les remplaçants était déjà mobilisés sur des remplacements longs, maladie ou formation. Aucune solution pour ces absences de deux-trois jours. "On a vu dans des écoles 3-4 enseignants absents (cas contact, cas covid, garde d'enfant malade,...) le même jour, avec aucun enseignant et des centaines d'enfants sur les bras. Les directeurs ont dû passer des centaines d'appels pour que les parents viennent récupérer les enfants. (...) 23 cas dans une école, on n'a pas compris pourquoi l'école n'a pas été fermée. C'était en décembre et on imagine que là, en janvier, les premiers retours vont être extrêmement difficiles.

"Ça fait un an et demi qu'on demande des mesures fortes qui engage le gouvernement et on ne les a pas eues : le recrutement d'enseignants pour avoir des remplacements suffisants, l'équipement des classes en capteurs de CO² (...),diminuer les effectifs", mais aussi des masques à pouvoir distribuer aux élèves

On veut une école qui tienne tous les défis : à la fois les défis sanitaires mais aussi d'accueil et les défis pédagogiques... On est toujours un peu bancal.

Samantha Fitte - SNUIPP Gironde

France 3 Aquitaine

Quant aux tests, les enseignants réclamaient des campagnes de tests plus régulières : "il y a des écoles qui n'ont jamais vu des tests organisés par l'Education Nationale/ Ministère de la santé. Et certaines grosses écoles, par exemple la mienne, ont connu trois campagnes de tests... C'est beaucoup et peu à la fois : on a 300 élèves. Il en faudrait presque chaque semaine..." 

En revanche, le fait que les enfants soient testés plusieurs fois quand il y a un cas positif lui semble plus logique. Mais "se pose quand même la question de la fermeture des classes. Un cas ? Deux cas? Il n'y a pas de règles claires et c'est problématique car tout le monde est un peu inquiet".

"Nous, l'idée n'est pas du tout d'inquiéter les élèves et leurs familles. Il faut que l'école reste un lieu de sécurité pour tous avec un objectif pédagogique cohérent".

"On fait semblant que ça marche alors que ça ne marche pas. C'étaient des milliers d'enfants qui n'avaient pas classe régulièrement dans notre département. C'est pas normal. On ne peut pas tenir un discours officiel "tout va bien", quand on n'a pas mis les moyens, et laisser les gens se débrouiller sur le terrain, que ce soient les enseignants ou les familles..."

Quel protocole ce 3 janvier ?

Sur le plan du protocole sanitaire, le niveau 3 (sur 4) est maintenu dans les écoles élémentaires, tout comme le niveau 2 dans les collèges et lycées, afin de réduire le brassage entre les classes et les niveaux.

Le ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer a décidé le renforcement de la politique de "contact tracing", qui soumettra les élèves à trois tests en quatre jours s'il y a un enfant positif dans la classe.

"Ce qui change, c'est que désormais, quand la famille fera le premier test, elle recevra en pharmacie deux autotests gratuits, pour que les élèves se testent à nouveau à la maison à J + 2 et à J + 4", a indiqué le ministre, dans un entretien au Parisien dimanche soir.
Le retour en classe se fera "sur présentation d'un résultat négatif".

Enfin, le ministère a admis que le déploiement de capteurs CO2 dans les établissements scolaires était "totalement insuffisant". Il a lancé un "appel aux maires" à profiter du fond d'État de 20 millions d'euros pour doter leurs écoles en capteurs.

CONSULTER les nouvelles mesures de la RENTREE de Janvier 2022

Un contexte épidémique

A la veille des vacances, 3.150 classes étaient fermées en France en raison de l'épidémie. Durant les vacances scolaires, le conseil scientifique a lui-même estimé à "au moins" un tiers les professeurs qui pourraient être touchés par le virus d'ici fin janvier, soit en étant positifs au Covid-19, soit en étant cas contact et ainsi voir augmenter le "risque d'absentéisme" parmi les 800.000 enseignants.

Mais l'allègement des règles d'isolement, annoncées par le ministre de la Santé, devrait éviter les absences en cascade. Ainsi, les enseignants cas contact "compte
tenu de la doctrine qui s'applique désormais, font la rentrée s'ils sont vaccinés après avoir fait un test", avance Jean-Michel Blanquer, précisant que les réunions parents-profs se feront en distanciel.

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