La Nouvelle-Aquitaine attire les Français. 130 milles habitants gagnés entre 2013 et 2018. Et cette tendance s’accentue depuis la pandémie. Dans ce contexte, la Creuse ou le littoral basque, par exemple, doivent faire face à des problématiques très différentes. Les spécialistes analysent la tendance.
La façade atlantique est un peu la star de la région Nouvelle-Aquitaine. Avec ses 261 000 habitants, Bordeaux est la plus grande commune de la région -qui en compte 6 millions-, soit une hausse de 1,2% par an selon une enquête de l’INSEE. Brive-la-Gaillarde, quant à elle, perd en moyenne 0,2% par an et compte un peu plus de 46 000 habitants. Cependant, les espaces ruraux, s’ils ne reflètent pas le même dynamisme, n’ont pas dit leur dernier mot.
Jean-Yves Pineau, directeur des Localos, œuvre notamment pour le développement local. Avec son équipe, il accompagne la ruralisation des villes, l’innovation, l’économie sociale, solidaire et collaborative. Bref, il inverse le paradigme imposé par l’exode rural depuis l’après-guerre. « On est dans une société qui bouge et qui est obligée de muter de façon très accélérée. L’image de la campagne est redevenue positive comme un lieu d’épanouissement et de réalisation (…) Le projet de vie et le projet professionnel sont liés ; c’est la capacité du territoire que d'offrir des conditions de vie où l'on peut se construire ».
Les campagnes de Nouvelle-Aquitaine comptent 1 habitant sur 2 et attirent de plus en plus, quitte à tout recommencer. C’est le cas de Céline Denois qui a choisi Marcillac-La-Croisille en Corrèze après un coup de cœur pour une maison. Avant leur installation, son mari les inscrit sur le site Venez vivre en Corrèze et tout s’enchaine très vite. « Dans la demi-journée, on avait un message qui nous accueillait pour nous accompagner. On a été suivi sur les questions du travail, des enfants, des écoles. C’était très rassurant, car on savait que quelqu’un était derrière nous en cas de besoin, notamment sur l’emploi ».
Depuis son installation avec ses trois enfants il y a quelques mois, cette commerciale dans une entreprise de fruits bio, ne regrette pas son Puy-de-Dôme originel. Une installation réussie que promeut Charlotte Courty chargée de "projet conciergerie" en Corrèze. Aide à l’embauche, au logement, à la scolarité, Charlotte Courty propose sa vision 360° et facilite les connexions comme les bons plans.
Cette aide dédiée, c’est le Conseil départemental qui l’a mis en place il y a presque deux ans avec la cellule « Corrèze Accueil ». Depuis, 200 familles en ont bénéficié. « Tous les acteurs du territoire se mobilisent pour faciliter l’installation des nouveaux, pour les intégrer et les rencontrer. C’est un travail commun et convivial qui donne la force de notre territoire », se félicite Charlotte Courty.
Pays Basque en tension
Villages repeuplés, dynamique retrouvée, le tableau semble positif pour des territoires comme la Corrèze ou la Creuse, mais l’installation des familles des grandes métropoles soulève une question, comme au Pays basque par exemple.
Dans le Sud-Ouest de la région, les prix de l’immobilier explosent. Plus de 30% là où il y a le plus de résidences secondaires, notamment celles des retraités. Il y a aussi l’effet d’aubaine de propriétaires locaux ou d’investisseurs qui cherchent à investir pour faire de la location à la semaine afin de rentabiliser leur investissement. Conséquences, l'immobilier du littoral explose et les jeunes actifs comme les familles du pays ne peuvent plus acheter. Elles sont contraintes de s’installer loin de leurs proches. « Dans le Pays basque ou dans le Béarn, il reste des logements accessibles, mais on se heurte au problème de la mobilité et de la fibre optique. Si on veut développer de l’activité économique dans les territoires un peu éloignés, on doit développer les autoroutes numériques et routières », explique Olivier Alleman, conseiller municipal de Bayonne et conseiller départemental des Pyrénées-Atlantiques.
Ces différentes problématiques, Sébastien Aufort, directeur de la Maison de la Nouvelle-Aquitaine, les connaît. Si la fracture entre le littoral et le reste des terres est très net, selon lui, « dans des territoires comme les Pyrénées-Atlantiques, la Charente-Maritime ou la Gironde, on recherche de l’attractivité, car on a des filières qui restent en tension. On construit donc des dispositifs d’attractivités qui intéressent tous les territoires de la région (…) On propose des messages précis et des promesses de vie à la fois professionnelles et personnelles ».
Quel avenir pour les territoires néo-aquitains ?
Le développement du télétravail ouvre les portes d’une vie possible entre ville et campagne. Les centres de santé se multiplient, même si, faire venir des soignants reste compliqué. Ailleurs, certaines coopératives s’organisent pour rendre les territoires habitables. Et c’est bien l’intention de Jean-Yves Pineau avec ses Localos pour 2023 : « Cette année, nous voulons travailler avec les citoyens et les élus sur les Coopératives Intégrées de Territoire pour le développement et la démocratie locale », explique le directeur de l’association.
Rendre les lieux communs habitables, admettre que les territoires peuvent choisir leurs priorités et présider à leur propre destiné, voilà qui pourrait révéler une ambition solide. Car le cœur battant du pays se situe là, dans un lien fécond et renouvelé entre les villes et les campagnes, les cadres du tertiaire et les fermiers, les écoliers et les anciens. Et si, dans ce contexte, la Nouvelle-Aquitaine faisait office de laboratoire pour les grandes régions de France ?
Retrouvez « La Nouvelle-Aquitaine : terre d’accueil pour les Français » dans Disputandum présenté par Laurène Barrière, avec :
- Charlotte Courty, Chargée de projet conciergerie Corrèze
- Jean-Yves Pineau, Directeur et cofondateur de l’association Les Localos
- Céline Denois, commerciale, installée en Corrèze depuis peu
- Sébastien Aufort, Directeur de la Maison de la Nouvelle Aquitaine
- Olivier Alleman, Conseiller municipal de Bayonne et conseiller départemental des Pyrénéens Atlantiques