Selon Santé publique France, les recours pour suspicion de Covid-19 sont en hausse depuis huit semaines. À Bordeaux, SOS Médecins observe une augmentation de 5 % des tests positifs même si cette reprise reste modérée.
Le coronavirus est-il de retour ? À l'hôpital ou en médecine de ville, "les recours pour suspicion de Covid-19 continuent leur augmentation depuis huit semaines", même s'ils restent encore modestes, observe Santé publique France. Du côté de Bordeaux, Karl Moliexe, porte-parole de SOS Médecins, constate lui aussi une hausse de 3 à 5 % des tests positifs, "ce qui représente 30 cas positifs par jour, sur l'ensemble des cabinets de consultation".
Plus de diffusion
Ce mercredi 19 juin, les patients se succèdent et s'en remettent aux traditionnels tests de dépistage. Dès les premiers symptômes, beaucoup commencent bien souvent par se rendre chez leurs pharmaciens, qui assistent depuis plusieurs semaines au même scénario. "Les gens commencent avec un rhume assez classique, puis parfois une perte de goût, d'odorat", note Nicolas Martial, docteur en pharmacie au Bouscat, à Bordeaux.
On s'aperçoit que la plupart des infections ont lieu dans des rassemblements, des séminaires, des réunions de famille... C'est le grand classique.
Nicolas Martialdocteur en pharmacie
L'explication, selon SOS Médecins, réside dans la reprise de la vie en collectivité après une période riche en jours fériés et vacances, corrélée à "une saison météorologique" particulière, qui alterne entre des températures chaudes et froides. "Il y a peut-être aussi une négligence des personnes qui n'ont pas encore mis dans leur pratique le masque en cas de maladie, note Karl Moliexe. Tout ça favorise la diffusion du virus."
Le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux, parle lui aussi "de petite reprise épidémique" au niveau national, européen, voire mondial, à laquelle la Nouvelle-Aquitaine n'échappe pas. "Les choses ne se passent pas trop à l'hôpital et tant mieux, précise-t-il. Ça veut dire qu'il n'y a pas trop de cas sévères, l'essentiel se passe en ville."
Au niveau national, Santé publique France note toutefois une hausse "de plus en plus marquée", autant pour les passages aux urgences (+52 % sur une semaine) que chez SOS Médecins (+51 %, avec 1.507 actes du 3 au 10 juin). Les hospitalisations et les décès se sont fortement amenuisés, grâce au niveau élevé d'immunité acquise par la vaccination ou les infections.
Un sous-variant plus transmissible
Malgré les campagnes de vaccination, les chercheurs font face aux développements des sous-variants du SARS-CoV-2, plus transmissibles. Le variant Omicron se répand parfois de manière invisible avec de nombreux cas asymptomatiques. "Depuis 8 semaines, le sous variant KP.2 a pris la place des précédents, développe Pr. Denis Malvy. Il n'est pas plus pathogène, mais plus transmissible. Le virus va aller d'un individu à un autre, mais en laissant la plupart du temps les personnes asymptomatiques."
Si, depuis mai 2023, l'Organisation mondiale de la Santé ne considère plus la pandémie comme une urgence sanitaire mondiale, elle rappelle régulièrement que le SARS-CoV-2 "continue de circuler et d'évoluer". Le risque demeure d'un variant plus dangereux.
"Le virus de la COVID-19, on commence à connaître ses mœurs, il se remplace mutuellement avec une transmissibilité majorée, détaille l'infectiologue. Qui dit transmissibilité, dit échappement immunitaire, ce qui veut dire qu'après une infection sauvage ou un vaccin avec un prototype assez ancien, on va être un peu moins protégé vis-à-vis de la transmission."
Une nouvelle campagne de vaccination
Depuis mi-avril, une nouvelle campagne, ciblée sur les plus de 80 ans et les plus fragiles, a démarré en France. "Les chercheurs vont proposer, pour la rentrée de l'automne et l'entrée dans la période hivernale, un vaccin qui sera plus adapté, indique le professeur Denis Malvy. Ce vaccin sera vraisemblablement associé à celui de la grippe."
On aura donc un double bénéfice, un vaccin contre la Covid-19 rajeuni, et un vaccin contre la grippe qui, elle, continue à faire plus de décès en 2024.
Professeur Denis MalvyInfectiologue au CHU de Bordeaux
"Le monde a acquis soit de manière naturelle par l'infection sauvage, soit par le vaccin, une immunité qui est relative, relève-t-il. On sait qu'on ne reste pas protégé très longtemps : le vaccin apporte surtout un bénéfice vis-à-vis du risque de survenue de maladies sévères."
Craintes d'une mutation plus sévères ?
Pour l'heure, les symptômes restent les mêmes. "Nez pris, mal à la gorge, courbatures", résume Karl Moliexe, porte-parole de SOS Médecins à Bordeaux. Pour nous, c'est une forme atténuée, il donne des symptômes violents sur les trois, quatre premiers jours et plus sur la semaine comme avant."
Si SOS Médecins se dit "paré" à la reprise légère de l'épidémie, ils craignent toutefois "une réelle mutation et une nouvelle épidémie difficile".