Des militants écologistes de l'ONG Canopée ont tenu une conférence de presse sur le site de la coopérative Alliance à Cestas (33). Ils s'opposent aux coupes de feuillus, pourtant légales, et espèrent obtenir une modification de la législation.
"Il n’y a personne, c’est l’assemblée générale", explique une salariée à l’accueil de la coopérative forestière Alliance Forêts Bois aux militants de l’ONG Canopée Forêts Vivantes venus dialoguer avec la direction. Ils trouvent porte close ? Qu'à cela ne tienne, leur action coup de poing se poursuit sur le parking de la société sur lequel ils improvisent une conférence de presse pour alerter sur les coupes de feuillus.
"On essaie de débattre avec cette coopérative depuis des années maintenant, elle refuse systématiquement", explique Bruno Doucet, membre de l’ONG. "Donc maintenant, on vient chez elle, faire une conférence de presse, en lui rapportant notamment un rouleau landais. C’est un objet qu’utilise Alliance forêt Bois après les coupes rases pour détruire les réseaux racinaires du sol."
Une pratique légale
Un camion grue dépose l’outil de plusieurs centaines de kilos sur le parking. Autour, une trentaine de militants manifestent pacifiquement. Ils viennent de la Gironde et plus largement de la Nouvelle-Aquitaine. Certains sont membres d’autres associations environnementales. Ils souhaitent débattre des coupes rases réalisées par la coopérative.
"Dans les Landes, par exemple, on va raser les dernières forêts semi-naturelles de feuillus pour continuer d’étendre le pin maritime", explique Sylvain Angerand, coordinateur de campagne de Canopée. " C’est un scandale".
C’est légal. Et, c’est bien pour cela, pour que ce ne soit plus légal, qu’on est obligé bouger les lignes.
Sylvain AngerandCoordinateur de campagne de Canopée
Quid des incendies
L’ONG dénonce une sylviculture intensive et un remplacement par des résineux inadaptés à la problématique des incendies.
"J’ai vu le feuillu ralentir puis arrêter un incendie ", relate Denise Cassou la présidente de l’association Landes Environnement Attitude. "Et d’un autre côté, là où le feuillu avait été coupé, le feu était ingérable. Ces jeunes pins flambaient comme des fétus de paille."
Jointe par téléphone, la direction d’Alliance Forêts Bois dénonce ce type d’action. "Je ne peux pas accepter que l'on fasse une intrusion comme celle-là avec des dizaines de militants qui agressent des salariés", dénonce Stéphane Vieban, son directeur général.
Pour ce qui est du fond du dossier, la direction se défend de défricher. "Coupe rase : cela ne veut pas dire défrichement. Derrière, il y a des régénérations naturelles ou il y a des plantations. Donc, il y a une continuité de la forêt. En fait, moi, je pense que le problème n’est pas technique, mais politique. On remet quasiment en question le droit de propriété dans cette affaire."
Une affaire politique
Preuve de la teneur politique de cette problématique, la présence ce matin sur le site de Cestas de Loïc Prud’homme. Le député LFI de la Gironde essaie à l’Assemblée nationale de faire bouger les lignes législatives.
"Nous avons porté des propositions pour interdire ces coupes rases puisqu’on sait qu’elles ont des impacts très forts sur la biodiversité, sur la qualité des sols et leur tassement ", dit-il.
Les forêts de feuillus représentent deux tiers des forets en France, nettement mois dans le Sud-Ouest et particulièrement dans les Landes de Gascogne.