En novembre dernier, l'une des 200 vaches bazadaises de Bérénice Walton est testée positive à la tuberculose bovine. Plusieurs mois après, le protocole sanitaire lui impose d'envoyer tout son élevage à l'abattoir. Un crève-cœur pour cette agricultrice, qui a pensé sa ferme autour du bien-être animal.
L'étable de la Ferme de Bérénice est comme coupée en deux. Vide de la moitié de ses membres, des vaches bazadaises, élevées ici, à quelques pas d'Arveyres en Gironde. Les bovins restants prendront bientôt le départ : "Ce sont des jeunes, qu'on a fait naître l'année dernière. On va les charger dans quelques jours vers l'abattoir", lâche Bérénice Walton.
En novembre dernier, l'une de ses 200 vaches est testée positive à la tuberculose bovine après le contrôle sanitaire annuel. L'annonce sonne comme un couperet pour l'éleveuse de 33 ans : "On est rodé à l'exercice, mais on ne s'y habitue jamais. Cette année, le ciel nous tombe sur la tête."
Un protocole trop lourd
La tuberculose bovine est une maladie transmissible à l'homme, qui touche essentiellement les bovins par la bactérie Mycobacterium bovis. Elle se transmet par exemple en ingérant des matières contaminées telles que les eaux d'abreuvement. Chez Bérénice, officiellement, "c'est un blaireau qui a été retrouvé positif dans le secteur, mais ce n'est pas que lui." La faune sauvage aux alentours de l'exploitation est désormais infectée. Impossible donc de se projeter dans les années à venir, une fois l'abattage effectué.
Repartir, mais avec quelles garanties ? Je ne vais pas racheter des vaches chaque année parce que la faune sauvage est contaminée !
Bérénice WaltonEleveuse
L'éleveuse pointe du doigt le protocole, qui impose depuis 2001 l'abattage partiel ou complet. "On ne peut plus accepter ça sans solutions", argumente-t-elle. La feuille de route est d'autant plus critiquée par les éleveurs que les cas de tuberculose bovine augmentent en France dans certaines régions, dont la Nouvelle-Aquitaine. Chaque année, une centaine de foyers de tuberculose bovine sont détectés dans le pays.
Plusieurs agriculteurs ont apporté leur soutien à Bérénice sous une vidéo qu'elle a publiée, samedi 18 mai, sur ses réseaux sociaux.
"C'était ma vie"
Bérénice Walton sait depuis janvier qu'elle va devoir se séparer de ses bêtes, ses "filles" comme elle l'aime les appeler. Des mois et une pile d'administratif plus tard, toutes ne sont pas encore parties vers les abattoirs industriels. Une attente en forme de crève-coeur pour celle qui a toujours mis un point d'honneur à respecter le bien-être de ses animaux. "J'étais presque arrivée à ce rêve, d'avoir une exploitation exemplaire, moderne, regrette-t-elle.
Je voulais une ferme dans laquelle on fait attention aux animaux, avec des produits de qualité, qui font peu de kilomètres pour être distribués.
Bérénice WaltonEleveuse
Dans son petit local qui lui sert de boutique, l'agricultrice montre son étalage, désormais vide de tout produit : "J'ouvrais deux fois par semaine. Chacun passait chercher sa commande et puis allait faire un tour pour voir les vaches." Treize ans d'échanges au contact de ses fidèles clients, stoppés net en novembre dernier. "C'était ma vie. Ma ferme était à mon image, c’est dur de se dire que tout s’arrête."
Faibles indemnisations
100 % de son élevage était de race bazadaise. La marque de fabrique de Bérénice. Elle avait construit son modèle autour de ces vaches, aujourd'hui, elle garde l'impression d'un retour à la case départ : "C'est une race à faible effectif. Il faut que je rachète des bêtes, mais ce sera difficile d'en retrouver autant."
Au-delà des animaux, c'est l'économie de son entreprise qui est remise en cause. Tous ses bâtiments sont neufs, payés grâce à des emprunts qu'il faut rembourser. Bérénice Walton doit donc continuer à "assumer les charges avec ou sans vaches." Maman d'un petit garçon de 8 ans, l'éleveuse est épaulée par son mari. Elle a également un salarié à temps plein : "Il est à deux ans de la retraite, je ne me vois pas le licencier, parce qu'on est tous victimes de cette situation."
L'Etat devrait lui verser des indemnisations, encore difficiles à chiffrer. Mais Bérénice sait qu'elles ne couvriront pas les pertes : "Les grilles d'indemnisation datent de 2001. Vingt-trois ans après, je vous laisse imaginer."
Une cagnotte vient d'être mise en ligne par l'une de ses amies pour la soutenir.