Alors que l'été est là, et que se multiplient conseils et astuces pour se rapprocher du corps parfait, des femmes s'engagent pour le body positivisme. Elles refusent de céder aux trop nombreuses injonctions qui pèsent sur le corps des femmes.
Le soleil est bien là, les juillettistes sont déjà partis en vacances. Et depuis des semaines, les injonctions au corps parfait se multiplient. Télé, réseaux sociaux, magazines.... Partout des conseils pour affiner sa silhouette, gommer sa cellulite ou faire disparaitre ses vergetures.. Chaque année, c'est la même rengaine, encore très souvent adressée aux femmes. Et si ces "conseils", assortis de photos de mannequins aux corps parfaits, n'offrent aucune garantie de résultat, ils ne manquent pas de susciter des complexes chez nombre de femmes.
"On est assassinées de message avec beaucoup d'injonctions. On en a toute l'année, mais ça se renforce avec l'arrivée de l'été", constate Angelina Ferreira da Silva, instagrameuse à Bordeaux. Ancienne victime de grossophobie dans son enfance, elle explique avoir eu un "déclic" à l'âge de 16 ans et milite aujourd'hui pour que toutes et tous acceptent leur corps tel qu'il est.
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Dès la naissance
Difficile pourtant de lutter contre ce phénomène d'injonction, qui débute "dès le plus jeune âge", constate Edith Maruéjouls, docteure et spécialiste en géographie du genre. "Cette question est présente dès la naissance. Elle porte sur la manière d'habiller différemment les corps des filles de celui des garçons. Celui des filles est accessoirisé, décoré... Les garçons, eux, se définissent de manière vestimentaire dans l'interdit de ce que portent les filles : pas de maquillage, de bracelet, de rose ou de bracelets".
Dans la vie d'une fille, cette question-là sera prégnante tout le temps, sur les injonctions à la tenue vestimentaire, par les règlements intérieurs des collèges. Et dans la rue, c'est l'injonction des corps : "merci de décorer, mais pas trop".
Edith Maruéjouls, docteure et spécialiste en géographie du genreà France 3 Aquitaine
Donner de la visibilité à tous les corps
Comme Edith Maruejols ou Angelina Ferreira da Silva, de nombreuses femmes sont entrées en résistance, face à ce diktat du corps parfait. Avec elles, est née la mouvance body positive, défendue, entre autres, par Alexandra Fleurisson, influenceuse bordelaise "Le body positive, c'est un courant de pensée et un mouvement sociétal, qui défend l'idée qu'il n'y a pas de hiérarchie entre les apparences physiques de différents êtres humains", rappelle la jeune femme.
Une personne handicapée, plus âgée, ronde ou mince... tout le monde a le droit d'exister sereinement, mais aussi d'être visible. La visibilité a beaucoup d'importance.
Alexandra, bloggueuseà France 3 Aquitaine
Ce message, Alexandra le relaie sur son blog et ses réseaux sociaux. Son compte instagram @mademoisellemodeuse compte plus de 64 000 abonnés, des femmes à 80 %. Elle y présente ses tenues et ses recettes, assorties des hashtags #rondeetbelle ou encore #modegrandetaille.
"Je ne porte que ce que j'ai envie de porter"
" Mes contenus sont très orientés sur la mode, une mode colorée, décomplexée. Je ne porte que ce que j'ai envie de porter, sans suivre d'injonctions, et je pense que ça encourage d'autres personnes, qui ont moins d'impulsions, de le faire à leur tour", poursuit l'influenceuse qui a un message pour toutes les personnes complexées à l'idée de se montrer en maillot sur la plage. "Les vacances, on n'en a qu'une fois dans l'année. On les a attendues, on a envie d'en profiter. On a toutes de la cellulite, on est toutes un peu flasques. Ne vous embrouillez pas la tête, ne créez pas des problèmes avec quelque chose qui n'a pas d'importance", sourit-elle.
Si elle reconnait que ce mal-être, très commun, peut parfois "aller très très loin", elle recommande de "le balayer et profiter de la vie". "Sur la plage, les gens sont là pour profiter, ils ne regardent pas les autres, donc ça aussi, il faut le retenir ! " "Il faut se focaliser sur ce dont on a envie, ne pas penser que l'autre nous regarde à tout prix", rebondit Angelina Ferreira da Silva.
Un gros travail reste à accomplir : d'après un sondage IFOP publié en juin 2023, 60 % des Françaises interrogées déclarent "ne pas aimer leurs corps", contre 33 % des hommes.