Le parquet de Bordeaux a annoncé ce vendredi 1er juillet le démantèlement d’un trafic de faux vins de grande ampleur. L’escroquerie représenterait des centaines de milliers de bouteilles, essentiellement des vins du Médoc remplacés par des vins bas de gamme.
Des centaines de milliers de bouteilles seraient concernées. Le parquet de Bordeaux (Gironde) a annoncé vendredi 1er juillet le démantèlement d'un trafic de faux vins, grâce à une enquête entamée en novembre dernier.
Trois suspects, dont le principal instigateur, propriétaire d’un château dans le Médoc dont l’identité n’a pas été révélée pour respecter la présomption d'innocence, ont été présentés mercredi 30 juin devant un juge d’instruction.
Escroquerie en bande organisée
Ils ont été mis en examen pour “escroquerie en bande organisée et blanchiment”, “tromperie sur la marchandise” et “falsification de denrées”. Ils ont été libérés sous contrôle judiciaire avec obligation de verser des cautions de 20.000 à 50.000 euros.
Au total, une vingtaine de personnes soupçonnées d'avoir organisé ce trafic avaient été interpellées lundi par les gendarmes dans le Médoc et dans sept départements.
Des fausses étiquettes et bordereaux
C’est en enquêtant sur une affaire de stupéfiants que les gendarmes ont retrouvé par hasard du matériel de contrefaçon, comme de “fausses étiquettes”, en septembre dernier, précise le parquet. En octobre, de ‘faux bordereaux’ sont repérés dans la Sarthe. Quelques mois plus tôt, le propriétaire d’un château dans le Médoc avait constaté une contrefaçon de son vin et avait signalé ces faits aux gendarmes.
C’est après avoir fait le lien entre ces trouvailles que le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête préliminaire pour “tromperie sur la qualité du produit”, en novembre 2021. Les premières constatations ont rapidement confirmé une “fraude de grande ampleur organisée par le propriétaire d’un vignoble dans le Médoc ayant également le statut de négociant”, précise le parquet. Selon la gendarmerie, l’individu n’a pas d’antécédent judiciaire pour fraude.
Un réseau dans plusieurs départements
Avec trois complices, le mis en cause a développé “un réseau de distributeurs officiels et officieux, constitué de sociétés, de retraités, d’auto-entrepreneurs”, présent sur plusieurs départements.
L’escroquerie consistait à faire croire aux clients qu’ils avaient acquis des châteaux bordelais, essentiellement des vins du Médoc selon la gendarmerie, dont le nom et l’étiquette inspiraient confiance à des tarifs moins élevés que sur le marché. En réalité, il s’agissait de vins bas de gamme ou provenant de terroirs assez éloignés du bordelais.
Des bouteilles destinées à la grande distribution
Depuis la découverte de l’escroquerie, une instruction a été ouverte et confiée à un magistrat instructeur du tribunal judiciaire de Bordeaux. L’escroquerie concerne également plusieurs milliers de bouteilles destinées à la grande distribution ou à des pays étrangers, passant par des intermédiaires se livrant à des manipulations et des reventes illégales.
Pour mener à bien son escroquerie, le mis en cause a noué des relations avec des contacts espagnols pour se procurer du vin. Les opérations d’embouteillage se sont déroulées la nuit, et les livraisons pendant le week-end.
Selon le parquet, l’argent généré par ces ventes illégales a alimenté le train de vie des principaux mis en cause. Ils blanchissaient l’argent en finançant des travaux de rénovation avec de la main-d'œuvre irrégulière.