Viol d'une étudiante après un match de Top 14 : cinq rugbymen jugés aux assises de la Gironde

Du 17 au 28 juin, la cour d'assises de la Gironde juge trois anciens rugbymen de FC Grenoble pour viol en réunion et deux autres pour non-empêchement d'un crime. Ils affirment que la victime, étudiante de 21 ans à l'époque des faits en 2017, était consentante. Elle dit s'être réveillée dans une chambre d'hôtel de Mérignac et ne se souvenir de rien.

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Ce matin du 12 mars 2017, V(*) quitte un hôtel de Mérignac, près de Bordeaux. La jeune femme est en état de choc et dépose plainte pour viol.
L'étudiante de 21 ans vient de passer une nuit dans cet établissement situé près de l'aéroport, où loge l'équipe du FC Grenoble. Les rugbymen grenoblois disputaient la veille une rencontre du Top 14 contre l'Union Bordeaux Bègles.

Après une nuit très alcoolisée, la jeune femme explique aux enquêteurs s'être réveillée vers 7h, au milieu de plusieurs hommes dans la chambre de l'hôtel. Elle est nue sur un lit, entourée de deux hommes nus et d'autres habillés. Quelques heures plus tôt, elle les avait croisés avec des amies dans un bar à Bordeaux, avant de finir la soirée en boîte de nuit.

Des béquilles dans le vagin

Les enquêteurs déterminent que vers 4h du matin, V.  est repartie en taxi de la discothèque avec Denis Coulson, l'un des cinq accusés, en direction de l'hôtel des joueurs. Sur des images de vidéosurveillance à son arrivée à l'hôtel, la jeune femme tient difficilement debout. Elle est soutenue par Denis Coulson, qui semble l'empêcher à deux reprises de retourner dans le taxi.

D'après un expert toxicologique, elle aurait eu entre 2,2 et 3 grammes d'alcool par litre de sang à ce moment-là.

Se basant sur les auditions des mis en cause, de témoins et d'une vidéo tournée par Denis Coulson pendant un acte sexuel, les enquêteurs évoquent notamment plusieurs fellations, ainsi que l'introduction d'une banane, d'une bouteille et de béquilles dans le vagin de la jeune femme.

Le consentement au cœur des débats

Sept ans après les faits, ce lundi 17 juin, la jeune femme retrouve donc les cinq hommes, désormais ex-joueurs du FC Grenoble. Jusqu'au 28 juin, ils sont jugés par la cour d'Assises de la Gironde.

L'Irlandais Denis Coulson, 30 ans, le Néo-Zélandais Rory Grice, 34 ans, et le Français Loïck Jammes, 29 ans comparaissent pour viol en réunion. L'Irlandais Chris Farrell, 31 ans, et le Néo-Zélandais Dylan Hayes, 30 ans, comparaissent pour non-empêchement de crime.

Coulson, Jammes et Grice ont reconnu avoir eu des relations sexuelles avec V. mais assurent qu'elle était consentante et avait même pris des initiatives dans cette chambre d'hôtel. Farrell, à qui appartenaient les béquilles, était présent dans la chambre pendant les faits et Hayes a assisté à la scène.

Si les rugbymen affirment que la jeune femme est consentante au moment des faits, elle dit ne plus se souvenir de rien à partir du départ de la boîte de nuit.
"On se pose souvent la question du consentement de la victime, et pas du tout de l'appréciation du consentement par les agresseurs", souligne Me Anne Cadiot-Feidt interrogée par l'Agence France Presse. L'une des quatre conseils de la victime, aujourd'hui âgée de 27 ans, évoque des "braqueurs de l'âme et du corps".

Qu'est-ce que le consentement ? À partir de quand est-il atténué, voire totalement aboli ?

Me Anne Cadiot-Feidt

Avocate de la victime

Au procès, les discussions aborderont "peut-être la notion de responsabilité que peut avoir une victime, dans le cas où elle se serait volontairement mise dans un état provoquant un consentement atténué, voire aboli. Peut-elle être tenue pour responsable des violences dont elle a fait l'objet ?", s'interroge Me Cadiot-Feidt, anticipant la défense des accusés.

"Le procès de l'alcool"

Pour l'avocat de Loïck Jammes, Me Denis Dreyfus, les débats vont tourner autour de la notion de consentement et de sa difficulté dans un contexte "d'alcoolisation générale"

Ce qui est certain, c'est que c'est un malheur pour les uns et les autres.

Me Denis Dreyfus

Avocat de Loïck Jammes


"Ce n'est pas le procès de rugbymen violeurs, c'est le procès de l'alcool", insiste Me Corinne Dreyfus-Schmidt, avocate de Denis Coulson. Elle déplore un "climat lié à #MeToo, qui n'est pas propice à la compréhension".
"Tous ces jeunes qui picolent à se mettre dans des états pas possibles, voilà la problématique de ce dossier", dit-elle.

Un procès sept ans après les faits

Le procès débute donc ce 17 juin, sept ans après les faits. Comment expliquer un tel délai ? La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux avait confirmé, en septembre 2022, l’ordonnance de mise en accusation rendue en juin 2019. Pour les magistrats, la présence de charges suffisantes justifie alors un procès aux assises.

Pour l'éviter, les cinq hommes (toujours présumés innocents) ont utilisé toutes les voies de recours à leur disposition, jusqu'à la Cour de cassation. Ces recours étant aujourd'hui épuisés, le procès peut se tenir. 

Pour les faits de viol en réunion, Denis Coulson, Rory Grice et Loïck Jammes encourent jusqu'à 20 ans de prison.

(*) La victime souhaite rester anonyme

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