La visite surprise du député Alain David à la maison d'arrêt de Gradignan

C'est l'une des prisons les plus surpeuplées en France. Le taux de surencombrement atteint 180%. Certains détenus dorment à 3 dans un peu plus de 8m². Comme son statut de parlementaire l'y autorise, le député PS Alain David a visité la maison d'arrêt de Gradignan. Une de nos équipes l'a suivi. 
 

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"Bonjour Mr. Alain David, député, je viens visiter votre établissement". 
En ce samedi pluvieux, le parlementaire socialiste de Gironde se présente à la porte de la maison d'arrêt de Gradignan, le seul centre pénitentiaire du département. 950 hommes, femmes et mineurs y sont écroués. Dans des conditions souvent dénoncées. 

"Je voulais mesurer la surpopulation carcérale voir les conditions dans lesquelles sont reçues les personnes ici. Je voulais aussi mesurer les conditions de travail des personnels" explique le député. 

La visite surprise commence au 4e étage du bâtiment principal,  le plus compliqué à gérer pour les surveillants. Ici comme dans d'autres établissements pénitentiaires, les cellules de 8,4m² sont souvent occupées par trois détenus. Depuis 1875 pourtant, le principe de l'encellulement individuel est une obligation inscrite dans la loi française. 
 



"Bonjour messieurs, on vous dérange deux secondes".

La cellule qu'Alain David découvre dispose de deux lits superposés. Le soir, un troisième matelas est posé à même le sol. 

"Le troisième d'entre vous, couche ici par terre ? " s'enquiert-il. 
 


Les détenus passent, pour certains, vingt heures par jour dans leur cellule. La visite d'un député leur donne l'occasion de s'exprimer sur leurs conditions de détention : 

On a une peine à faire, mais c'est pas une raison pour être traité comme ça...

C'est la cinquième fois que je suis en prison. La réinsertion, pour moi, c'est un mot qu'on a inventé. 

"Votre avenir, comment vous le voyez" ? lui demande Alain David

Franchement, j'en vois pas. 
 

Le bâtiment A abrite 500 détenus dans 233 cellules. Le directeur du centre pénitentiaire de Gradignan, André Varignon, ne nie pas le problème : 

On est à un taux de surencombrement de 180%, qui est un taux haut mais il est connu et il caractérise l'établissement depuis de nombreuses années. 


La surpopulation carcérale rend la tâche des agents pénitentiaires très difficile. Ils sont 200 surveillants à Gradignan. Il manquerait 20 postes pour assurer une surveillance optimale.
Hubert Gratraud  est délégué syndical FO Pénitentiaire. Il réclame des moyens supplémentaires : 

A partir du moment où vous devez gérer 80 détenus seul, il y a un sentiment d'insécurité. Quand vous ouvrez une cellule de trois détenus, il y a ce moment d'insécurité. On aura beau nous équiper de gilets pare-lames, on aura beau nous équiper de gilets pare-balles, ce qu'il faut, c'est du personnel. Et pour recruter du personnel, il faut revaloriser a minima les salaires.  


Un coup d'oeil sur la cour de promenade, le lieu de tous les trafics grâce aux yoyos, ces cordes fabriquées avec les draps. 

Le député poursuit ensuite sa visite dans le bâtiment des femmes, plus calme mais la promiscuité est la même pour les 38 détenues. 

Peut être qu'il faudrait des cellules moins vétustes parce que les locaux sont anciens" évoque l'une d'elles

Fin de la visite pour le député, convaincu qu'"il faut faire de ce problème, une priorité" : 

Nous sommes dans le 3e millénaire. On ne peut pas tolérer que les gens soient accueillis comme dans les cachots du Moyen-Age. C'est une question de respect de la personne humaine. 

La maison d'arrêt de Gradignan a 50 ans. Elle doit être détruite au profit d'un nouvel établissement de 600 places en 2024

Voyez le reportage de notre équipe, Guillaume Decaix et Sébastien Delalot, qui a pu filmer les conditions de détention à l'intérieur du centre pénitentiaire de Gradignan :

 
Pourquoi les parlementaires ont un droit de visite dans les lieux de privation de liberté ?
"La loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits des victimes a autorisé les députés et sénateurs à visiter à tout moment les locaux de garde à vue, les centres de rétention, les zones d’attente et les établissements pénitentiaires" rappelle sur son site le contrôleur général de lieux de privation de liberté. 
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