Le boum des locations saisonnières en Gironde depuis les annonces du Premier ministre sur les vacances d'été

Depuis le feu vert donné par Edouard Philippe aux Français pour les vacances de juillet et août dans l’hexagone, les téléphones sonnent dans les agences. Valérie Bru à Lacanau et Caroline Engel à Arcachon témoignent.

" Entre hier soir 17 HOO et ce matin 9 heures, j’ai eu une cinquantaine de mails pour des réservations et des demandes d’informations ", sa boîte courriels illumine la journée de Caroline Engel directrice d’agence spécialisée dans la location saisonnière à Arcachon.  Depuis le confinement l’activité avait été suspendue…

" J’avais tout annulé et bien entendu, j’étais très inquiète. Nous sommes ouverts depuis le 11 mai, mais notre clientèle est surtout nationale et étrangère alors c’était mal engagé."

Là, je sens que les Français ont envie d’une bulle et la demande est très forte, il y a même des demandes de mise sur liste d’attente quand les dates sont déjà prises.


Caroline Engel dispose d’un parc de 25 lots entre la Teste-de-Buch et Arcachon, du studio à la villa. Une offre de 7 jours minimum avec : conciergerie, service linge, entretien. Sa typologie de logements s’adresse à toutes les clientèles mais elle est surtout familiale.

« Avant le mois de mars, j’avais 30 % de lots réservés pour juillet, des locations qui sont faites d’une année sur l’autre et en l’espace d’une journée j’atteins les 80 %."

Caroline Engel reste réaliste.  Malgré ce frémissement encourageant et le constat qu’elle n’aura peut-être pas assez de lots pour satisfaire tout le monde, elle sait aussi qu’elle ne fera pas une saison normale puisque en mars, avril et mai, elle a eu 100 % de perte. Difficile pour une entreprise qui ne travaille que six mois par an.
Par ailleurs, le mois de juin s’annonce très compliqué. Pour l’heure, les quelques réservations enregistrées sont celles de clients de la région sur des week-ends. Caroline Engel estime que ce rush de réservations, elle le doit au secteur géographique sur lequel elle se situe : une zone privilégiée.

Je ne vais pas arriver aux mêmes résultats que l’an dernier mais en principe je ne vais pas mettre la clé sous la porte.

Une bouffée d'oxygène

L’agence Bru et fils est une entreprise familiale depuis quatre générations. Le sourire de Valérie s’entend au téléphone. Cette institution compte 150 logements du studio à la villa avec piscine et depuis mars le téléphone était silencieux.
" Depuis hier, c’est une bouffée d’oxygène. Le téléphone sonne à nouveau et là j’ai eu huit réservations. Elles viennent s’ajouter à celles de janvier qui n’ont pas été annulées. C’est évident, ça repart et ça nous réjouis d’accueillir des Français. Il y a donc les fidèles et les nouveaux, des touristes qui viennent pour découvrir la région."

Valérie attend maintenant ce moment avec impatience espérant que rien ne viendra contrarier cette reprise : " Ici, ils ne seront pas les uns sur les autres car nous avons les pistes cyclables, les lacs, les châteaux, les golfs." Un écosystème non négligeable en cette période incertaine surtout pour ceux qui pourraient être inquiets.
 

Et pour ce qui est des vacanciers hésitants pour qui la plage est une priorité, Valérie a là aussi ses arguments : " Si on nous laisse les plages dynamiques, il faudra leur apprendre que la plage cela peut se pratiquer autrement. Il va falloir qu’ils acceptent d’avoir moins. Lacanau ce n’est pas bisounours, nous avons été confinés comme tout le monde. Et c’est l’inconnu pour tous. Certains râlent et demandent si à ce moment là ils seront remboursés, on ne voit pas pourquoi. À la montagne quand une tempête de neige empêche de skier, il n’y a pas de remboursement." 

Ici parents et enfants s’activent et même s'il manque les fiches sanitaires pour la mise en place des logements, ils utilisent les mêmes protocoles que dans les hôtels.

En plus, on mettra des alèses jetables et des housses de coussins de canapé jetables aussi. Il y aura tous les gestes barrières de sécurité entre chaque location.
Valérie Bru - agence Bru Lacanau -


Pour cette agence, les touristes étrangers constituent 15% de la clientèle. " On attend de savoir s'ils seront libérés. Les étrangers n’ont pas l’air de s’affoler, ils attendent les consignes de leur gouvernement. Pour ceux qui avaient déjà réservés s'ils ne peuvent pas partir, on leur fera un avoir. "

Philosophe Valérie Bru ? En tous les cas, optimiste car elle se souvient qu’au moment de la marée noire même si les interdictions étaient nombreuses, les touristes sont quand même venus :

Lacanau c’est Lourdes on vient, on revient.

" C’est familial et sportif, on se sent bien on revenir quoiqu’il arrive. Sans reconfinement, cela s’annonce pas mal. "

Les agences d’Andernos  à la presqu’île du Cap Ferret n’échappent pas au rush mais comme l’explique une directrice d’agence du Ferret : " Le parc ici n’est pas important et la clientèle est constituée en grande partie de Parisiens et de Lyonnais, des habitués qui réservent longtemps à l’avance, le cap Ferret n’est donc pas représentatif. "


Les campings manquent de visibilité 


La Gironde compte 140 Campings soit 23 000 emplacements. Le Président de l’hôtellerie de plein air du département, Lionel Poujade, est aussi propriétaire d’un camping Ker Helen au Teich, parle de lueur d’espoir, il a l’impression que cela recommence à bouger :

 Jusque là on n'avait que des annulations, là en effet ça va commencer à repartir, en 24 heures, j’ai eu 5 réservations mais il faut que les gens assimilent. 


Pour juillet et août, les campings avaient déjà des réservations depuis la fin 2019 et les clients visiblement n’ont pas décommandé. Alors oui bien sûr, on sait que cela va monter en puissance : " Sur une haute saison, on réalise 80% du chiffre d'affaires. mais là on manque de visibilité. Si on fait 50%, cela permettra de tenir la trésorerie jusqu’à l’été 2021. "

Mais comme l’explique Lionel Poujade rien n’est encore gagné. Les établissements espèrent bien sûr que la Gironde restera zone verte.
" Le 25 mai, on saura exactement ce qu’il en est avec le planning des ouvertures et les protocoles sanitaires exigés. Le scénario idéal ce serait de pouvoir ouvrir les trois dernières semaines de juin pour préparer les équipes." 
 

Et ce scénario qui pourrait être qualifié d’idéal devrait s’inscrire dans une saison qui pourrait se prolonger jusqu’en novembre pour amortir les dégâts. Lionel Poujade reconnaît que cela ne remplacera pas néanmoins les pertes qui s’affichent aux compteurs des campings pour les mois écoulés.
" En avril normalement, je fais 40 000 euros de chiffre d’affaires. Là, je n’ai dans ma caisse que 1850 euros. Ce sont les réservations de juillet et août non annulées. Les acomptes sont de 110 euros pour une d’une semaine."
Ce que souhaite Lionel Poujade c’est que les reports des mois d'avril, mai, juin puissent se faire sur la fin de saison après les vacances puisque actuellement tout repart à zéro.
Il attend également les dispositifs sanitaires qui seront mis en place. Des protocoles qui pourraient être source de nouveaux problèmes et d’inquiétudes si par exemple les campings ne peuvent être remplis qu’à moitié.

 
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