Le Forum du Littoral se tenait samedi 16 juin à Lacanau. Depuis des années, la municipalité élabore un plan pour contrer l'érosion de son trait de côte.
Ce n'est un secret pour personne. Chaque année, le littoral aquitain est rongé par l'océan, qui gagne progressivement des centimètres sur la côte. A Lacanau, un ouvrage de protection du front de mer a été mis en place après les grandes tempêtes de l'hiver 2013-2014.
Anticiper et comprendre
Mais pour autant, le problème est loin d'être réglé. Ce samedi se tenait dans la commune le forum du Littoral, qui fêtait ses dix ans en présence notamment du professeur Jean-Paul Vanderlinden, du kayakiste Frédéric Gilbert et du climatologue Hervé le Treut."L'objectif c'est de faire des piqûres de rappel, a estimé le maire de Lacanau Laurent Peyrondet. On a musclé ce forum pour permettre aux Canaulais d'anticiper et comprendre les problématiques d'érosion".
Lors des éditions précédentes une stratégie 2016-2020 avait été définie. Un an avant l'échéance, l'heure est déjà quasiment au bilan. "Le premier bilan est positif au niveau de la région Nouvelle-Aquitaine. Mais on attend toujours la proposition de loi nous permettra d'anticiper ce genre de problématiques et de les gérer".
Quatre-cent millions d'euros
A Lacanau, "le périmètre de vulnérabilité, c'est-à-dire la zone qui pourrait-être mangée dans le futur représente 400 millions d'euros, rappelle le maire. Nous sommes en train de calculer le dimensionnement de l'ouvrage qui nous protégerait à l'horizon 2050, mais on ne sait pas si demain sur le littoral français certains biens vont être amenés à être relocalisés ou déconstruits."Parce qu'on sait très bien qu'un jour ou l'autre, ils partiront à la mer
Lutter contre le changement climatique
De son côté, le climatologue Hervé Le Treut a profité de l'événement pour rappeler le lien entre le réchauffement climatique et l'érosion du littoral, un phénomène particulièrement remarqué en Gironde. "L'érosion vient de la fonte des grands glaciers, qui fait que le niveau de la mer remonte sur la zone littorale, mais aussi sur les zones lagunaires l'estuaire de la Gironde ou encore le fond du bassin d'Arcachon"."Il y a également un rôle plus indirect lié à la modification des courants et des vents, qu'on comprend dans ses grandes lignes, mais qu'on a plus de mal à prévoir de manière locale et datée", a poursuivi Hervé Le Treut. En dépit de ces incertitudes, le climatologue a rappelé une constante :
Généralement ce qui s'est produit peut se reproduire. Quand quelque part on a eu des accidents liés à des tempêtes importantes, il faut s'en protéger car on sait que ca va changer.
"Les politiques de précautions sont donc nécessaires. (…) Il faut s'adapter et participer à l'effort partagé de réduction des émissions de gaz effets de serre. C'est le gaz qu'on émet aujourd'hui qui va jouer un rôle majeur dans les deux décennies à venir", a insisté le scientifique.