Le pin parasol bicentenaire gêne la voisine, habitants et associations se mobilisent pour éviter qu'il ne soit coupé

Une habitante de la commune d'Andernos-les-Bains demande à sa voisine d'élaguer un pin parasol bicentenaire. Depuis, les habitants se mobilisent pour sa préservation et ont déposé une demande de classement comme "arbre remarquable" auprès du ministère de la Transition écologique.

L'histoire pourrait sembler anecdotique. Une énième querelle de voisinage. Mais les associations environnementales, tout comme les habitants de la commune d'Andernos-les-Bains, prennent les faits très au sérieux, si bien que plus de 13 000 personnes ont signé la pétition : "Sauvons un pin parasol centenaire, patrimoine de la ville." 

Un élagage pourrait le fragiliser

Les faits s'enracinent il y a un mois, le 19 novembre. Dans un courrier adressé à sa voisine, une habitante formule, ce jour-là, une demande "d'élagage" d'un pin, dont les branches "dépassent sur sa propriété". "Le pin dans votre jardin entraine des dégâts récurrents sur ma toiture, je dois faire nettoyer et réparer des tuiles 1 à 2 fois par an (coût 1 000 à 1 500 euros)", lui écrit-elle. Or, l'élagage d'une partie du pin pourrait le fragiliser.

Le conifère en question, haut d'une vingtaine de mètres, est vieux de plus de vingt décennies. "La propriétaire s'est sentie démunie", explique Jean-Michel Papon, auteur de la pétition. Un sentiment partagé dans tout le voisinage. "Dans le quartier, on est très attaché à ce pin, il fait partie du patrimoine, ajoute l'ingénieur de 58 ans. On le voit depuis chez nous, tout le quartier le voit.

Contactée, la propriétaire n'a pas souhaité réagir pour ne pas "alimenter la polémique". À ce jour, la pétition, quant à elle, rassemble 13 602 signatures. C'est plus que le nombre d'habitants dans la commune d'Andernos-les-Bains.

Arbre remarquable 

Les questions de sécurité sont également développées dans le courrier, relativement "aux tempêtes qui augmentent chaque année avec des vents de plus en plus violents". "Ma sécurité est engagée. Je ne souhaite pas avoir ma maison détruite par le pin et ne plus pouvoir y habiter", s'inquiète la riveraine. 

Un risque "peu probable" selon l'association environnementale Tiébey qui défend le patrimoine naturel sur le nord du bassin d'Arcachon. "Le pin parasol est moins haut que le pin maritime et mieux ancré. Son tronc est parfaitement stable, des élagages sont faits régulièrement, précise Michel Bovio, président de l'association. Étant donné sa masse au sol, la probabilité qu'il tombe reste très faible", indique-t-il, tout en concédant tout de même que le danger "existe toujours". Dans ces conditions, hors de question d'envisager l'abatage de l'arbre bicentenaire. 

Si l'affaire relève pour le moment du domaine privé, les procédures lancées par les habitants pourraient voir la municipalité impliquée. Le 5 décembre, Jean-Michel Papon dépose une demande de placement de l'arbre aux inventaires du patrimoine d'Andernos-les-Bains au ministère de la Transition écologique. Si celle-ci aboutit, le pin, classé alors "arbre remarquable", ne pourra être abattu.

"La mairie fait la sourde oreille"

Régulièrement, les associations environnementales disent se heurter aux politiques de la ville. "La nouvelle loi sur la parcellisation permet aux propriétaires de vendre une partie de leur terrain dans le domaine du privé, souvent une parcelle de leur jardin. Depuis, il y a eu beaucoup de disparition d'arbres", explique Michel Bovio, président de Bétey Environnement.

Si la municipalité s'était doté d'une charte de l'arbre et faisait un recensement, ce problème n'existerait pas. Mais la commune se refuse à le faire.

Michel Bovio

président de l'association Bétey Environnement

"Leur activité première est plutôt l'urbanisme, le bétonnage de la ville, à notre grand désarroi. Plus de 70 arbres ont été coupés, même si on a pu en sauver quelques-uns", ajoute l'ingénieur de 58 ans, Jean-Michel Papon. 

Des accusations que réfute la municipalité d'Andernos-les-Bains. "On est dans la préservation des arbres au maximum de notre possibilité, explique l'un des adjoints en charge de l'environnement. On abat des arbres selon les aménagements urbains qui sont faits pour les administrés." "L'ambiance est tendue, c'est regrettable, maintient toutefois l'association Tiébey Environnement. Les associations ne sont pas une opposition. Mais depuis de nombreux projets menés par les associations environnementales, la mairie fait la sourde oreille."

La réponse du ministère devrait tomber sous une quinzaine de jours. D'ici là, "si elle a des brouettes d'aiguilles de pin, c'est avec plaisir qu'on va aller lui ramasser", répond Jean-Michel Papon à la riveraine inquiète. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité