À Libourne, comme dans d'autres villes, les tribunaux étaient au ralenti, ce lundi 24 février. Les avocats continuent leur mouvement de grève pour protester contre la réforme des retraites.
Dans le tribunal de Libourne, les couloirs sont presque vides. Et pour cause, les avocats continuent leur huitième semaine de grève, pour contester la réforme de leurs retraites.
"C'est un cri lancé par les avocats, car si la réforme devait passer, ce serait plus de la moitié des cabinets qui devraient fermer. Ce serait le début d'un désert judiciaire", prédit Antoine Carbonnier, bâtonnier de l'ordre de Libourne.
Grève dure ou perlée
Ce soir, l'assemblée générale devra décider s'ils reconduisent le mouvement.
"Le mouvement va continuer. La question est de savoir sous quelle forme", précise Antoine Carbonnier.
Car si une partie souhaite maintenir une grève "dure", d'autres seraient favorables à une grève perlée, demandée par certains. Christophe Doléac, avocat au barreau de Libourne maintient ses positions.
"Je ne veux faire aucune concession", explique l'avocat. Et si aujourd'hui, il est présent au tribunal, il s'agit d'une "situation exceptionnelle".
"Il s'agit d'une affaire de violences conjugales dans laquelle je représente la partie civile. Il s'agit d'une unique exception", souligne Christophe Doléac.
Magistrats inquiets
Reconduite depuis le 6 janvier dernier, la grève commence à faire ressentir ses effets. Près de 350 affaires civiles et 150 affaires pénales ont été renvoyées au tribunal de Libourne. Une situation qui inquiète les magistrats. Ils ont voté vendredi dernier une motion, reprochant aux avocats de "dégrader une situation déjà tendue".
"Il faut qu'ils comprennent qu'on ne renvoie pas des affaires pour s'amuser, explique Christophe Doléac. Madame Belloubet essaie de mettre sur le dos des avocats le déraillement d'une justice indigente, qui dure depuis plus de trente ans."
Pourtant, la situation reste cordiale entre magistrats et avocats. "La plupart des justiciables et des magistrats comprennent notre mouvement", assure Antoine Carbonnier.