C'est le champignon le plus craint des viticulteurs. Très en avance pour la saison, le mildiou a déjà fait son apparition sur les ceps de vignes et suscite l'inquiétude des vignerons de Gironde. La météo pluvieuse explique en partie cette prolifération dans certains secteurs, comme le Libournais.
Ces taches brunes ou blanchâtres sur les feuilles, il en a sur une grande partie de sa parcelle. Thomas Debacque est viticulteur à Libourne où certains secteurs sont concernés par cette attaque de mildiou au mois d'avril. "De nombreuses grappes sont touchées. Maintenant, il s'agit de sauver ce qui reste, de sécher ce mildiou", se désole-t-il.
Cette année, le Mildiou est tellement virulent, qu'on s'est fait dépasser.
Thomas DebacqueViticulteur à Libourne
Il faut dire que les attaques ont été particulièrement précoces cette année. Les dernières semaines de pluie ont favorisé le maintien de l'humidité qui facilite l'installation de ces micro-organismes. Le vigneron pointe aussi le fait que l'hiver a été particulièrement doux.
Des contaminations début avril comme ça, je pense que c'est historique !
Thomas DebacqueChâteau Mélin
Sous surveillance
"La croissance végétative a été très rapide", explique Etienne Laveau, conseiller viticole à la Chambre d'agriculture. Une situation atypique qui a d'ailleurs pu faire craindre le gel il y a quelques semaines. Et maintenant le mildiou... Ce sont sur les secteurs les plus précoces que le mildiou semble avoir proliféré. "Malgré les protections qui ont été mises en place sur ces parcelles, il y a pu avoir des trous dans la raquette...."
L'évolution de sa présence est très surveillée. "Il n'a pas l'air très fringant" estime le conseiller, "donc on va espérer que la météo nous aide". En attendant plus d'éclaircies, il faudra traiter. "Ce sont forcément des traitements que l'on va mettre en place avec des renouvellements selon la pluviométrie. Pas plus ni moins que les autres années, mais il faut être vigilant sur les parcelles qui présentent déjà du mildiou".
Cette attaque précoce du mildiou dans des parcelles du Libournais n'est heureusement pas généralisée. "Sur le reste du département, la pression monte tout doucement" mais n'a rien à voir avec les ravages de l'an dernier, assure le conseiller.
Adapter ses pratiques culturales
"La récolte est un peu compromise. On aura une perte quantitative", assure Thomas Debacque. Au vu la présence de la maladie, il sait qu'il faudra renouveler les traitements. "On doit faire énormément de prophylaxie et avoir un suivi de près contre ce pathogène..."
Il faut adapter les pratiques culturales, assure le vigneron. "On est dans la démarche de limitation d'intrants, on a des pièges pour les ravageurs". Chaque saison, il faut trouver le juste équilibre. "Cette année, le mildiou est tellement virulent, qu'on s'est fait dépasser..."
Pour autant, il reste confiant dans sa démarche. "Il faut adapter nos pratiques culturales. On a un changement climatique". C'est aussi pourquoi il a choisi, par exemple, d'enherber le vignoble cette année pour limiter l'excès d'eau au niveau des pieds de vigne. "On essaie de s'adapter, on se remet en question...", sourit-il malgré tout.
Le mildiou c'est quoi ?
Le mildiou est nom donné à plusieurs maladies causées par des champignons ou micro-organismes affectant de nombreuses espèces de plantes. Il prolifère en fonction des conditions météorologiques avec la chaleur et la pluie.
Des taches brunes ou de la moisissure blanche témoignent de la présence de ces maladies qui créent chez la plante un flétrissement des feuilles puis des rameaux.
Sur les grappes, le mildiou apporte une coloration brune au moment de la floraison empêchant le développement régulier de la grappe de raisin.