François Fillon et Alain Juppé étaient en meeting hier, jeudi soir à Saint-Médard-en-Jalles en Gironde. Les deux anciens Premiers Ministres étaient venus prêter main forte au candidat UMP Jacques Mangon. Tous deux ont âprement plaidé pour une victoire de leur camp aux élections municipales de 2014.
Seule façon à leurs yeux d'obliger le gouvernement à changer "radicalement" de braquet alors que le pays s'enfonce "dans le déclin".
"Déclin", "peurs", "colère": les deux anciens Premiers ministres ont employé des mots volontairement alarmistes pour qualifier la situation de la France, victime de "la mauvaise politique économique" du gouvernement socialiste.
Le pouvoir peut parfois conduire à "faire des conneries", a même lâché le maire de Bordeaux, très en verve pour dénoncer "les mauvaises décisions du gouvernement" : manque de croissance, chômage en hausse, matraquage fiscal des entreprises et des ménages.
"Le pouvoir en place n'a plus la confiance des Français".
Et pour appuyer ses propos, Alain Juppé évoque sa mauvaise popularité passée.
"Je me souviens, quand j'étais Premier Ministre et très bas dans le sondages, certains disaient qu'à force de baisser, j'allais finir par trouver du pétrole. Là, on est dans le magma primitif !", a-t-il dit, se moquant des "très populaires M. Ayrault et quelques autres".
Mais critiquer ne suffit pas et l'opposition doit aussi être "efficace" et porteuse d'un "projet d'alternance", a ajouté le maire de Bordeaux, quasi-assuré d'être réélu, et même dès le premier tour avec 57% des voix, selon un sondage.
"Je voudrais lancer un appel à François (Fillon), Jean-François (Copé), Nathalie (Kosciusko-Morizet), Xavier (Bertrand), Laurent (Wauquiez) pour leur dire : et si on se rassemblait pour faire un pacte, pour présenter un projet pour la France, plutôt que (d'oeuvrer) chacun de son côté? Cela représenterait une chance pour gagner ", a-t-il assuré.
"Le programme de gauche" du FN
M. Fillon a utilisé des arguments similaires, les mêmes d'ailleurs qu'ils développent depuis des mois, prononcés sur le même ton à la fois passionné et inquiet que M. Juppé."Je vois chaque jour monter la colère"
Un constat qu'il vérifie, affirme-il, alors qu'il sillonne la France pour soutenir les candidats de son camp aux municipales, comme il l'a encore fait toute la journée de jeudi, dans les Pyrénéess-Atlantiques (Biarritz, Anglet) et autour du Bassin d'Aracachon (La Teste-de-Buch, Gujan-Mestras).
Alors que l'UMP peine toujours à se rassembler, après la grave crise de l'hiver dernier, il a lui aussi plaidé pour l'unité. "Nous devons partir au combat ensemble", a-t-il dit. " Nous devons unir nos forces et montrer que notre famille politique est debout ".
En baisse dans les sondages après ses déclarations sur le choix du "moins sectaire" entre deux candidats PS et FN, M. Fillon, qui estime qu'il avait été "mal compris", a clairement condamné pendant le meeting la politique du Front national, en le qualifiant de "populiste", l'accusant même d'avoir un "programme de gauche" du point de vue économique. Le FN au pouvoir, "ce serait un retour aux années 30, avec l'abaissement de la France", a-t-il ajouté.
Aucun des deux anciens chefs du gouvernement n'ont évoqué 2017, ni M. Fillon, candidat déclaré à la primaire pour la présidentielle, ni M. Juppé, qui entretien le flou sur ses intentions. Mais l'échéance est dans leur tête.
MM. Juppé et Fillon conviennent que si les élections de 2014 sont locales, " l'enjeu est aussi national ". Une victoire de la gauche conforterait un gouvernement " persuadé que la politique qu'il mène est la bonne ", a affirmé M. Fillon. Pour l'obliger à adopter une autre politique, c'est donc leur camp (" la droite et le centre ", ont-ils dit à plusieurs reprises), qui doit l'emporter.