Coronavirus : pour un médecin de Haute-Vienne, soignants et usagers doivent reprendre le pouvoir !

Pour Frédérick Stambach, médecin généraliste à Ambazac (87), la crise du Coronavirus a mis en exergue l'aberration de la confiscation du pouvoir sanitaire par l'État et la haute administration. Il a colancé une pétition pour que soignants et soignés reprennent ce pouvoir

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Il est en colère, TRÈS en colère, le Dr Frédérick Stambach, médecin généraliste à Ambazac, en Haute-Vienne !

Pour lui, la crise sanitaire liée au Coronavirus a tristement révélé à la fois l'état dégradé du système de santé français, et, plus grave encore, le rôle des gouvernements successifs et de la haute administration dans cet état de fait.
 


Au sein du collectif "Soignants et Usagers", il a donc lancé une pétition sur Internet, en compagnie du Dr Julien Vernaudon, praticien hospitalier gériatre à Lyon, à destination de l'Assemblée Nationale, afin que le "pouvoir sanitaire soit rendu aux soignants et aux soignés".

Un écoeurement né dès le début de la crise du Coronavirus

Durant cette crise, c'est alors qu'il participait à l'ouverture du centre Covid-19 installé dans la salle des fêtes d'Ambazac, dès la mi-mars, que l'écœurement de Frédérick Stambach est né.  En effet, ce projet, comme tant d'autres, pourtant voulu pour soulager les services hospitaliers sous tension, se sont immédiatement heurtés à des recommandations émises par les Agences Régionales de Santé (les ARS), jugées, selon lui, au mieux inapplicables, au pire inacceptables !

"On nous pond un rapport un peu décalé. Faites confiance aux soignants, ne venez pas nous mettre des bâtons dans les roues avec des rapports qu’on ne peut pas appliquer dans l’état actuel de la crise." disait-il alors à nos confrères de Francetvinfo.

« Cette lourde administration, disait-il également au Figaro, distribue ordres et contre-ordres, et paralyse les bonnes initiatives au lieu de les soutenir. ».

Un mal beaucoup plus profond

Mais de manière générale, pour les deux confrères, le mal est beaucoup plus profond. Sans remonter à Mathusalem, ils pointent la crise financière de 2008.
Dans un contexte d’austérité budgétaire et de libre-échange généralisé, l'ensemble du système de santé aurait alors été placé dans une situation de pénurie volontaire, induite par une réduction perpétuelle des coûts.

Situation aggravée et entérinée par la loi dite HPST (Hôpital, Patients, Santé, Territoires) de juillet 2009.

Une loi qui, pour les docteurs Stambach et Vernaudon, « a évincé les soignants du pouvoir décisionnel. Résultat, la politique de santé a été prise en main par le gouvernement et la haute administration grâce aux ARS et aux directions d'hôpital, traitant avec une brutalité toute managériale l'ensemble de notre système de santé.
Cette organisation a créé une divergence d’objectifs fondamentale entre les soignants (qui cherchent à soigner) et l’administration (qui cherche à réduire les coûts), source d’une immense souffrance pour les deux parties, en particulier à l'hôpital. ».

Une situation qui était encore récemment dénoncée, en 2019 ou lors de l'automne et de l'hiver derniers, par bon nombre de soignants, que ce soit par des grèves ou des démissions massives de chefs de services hospitaliers.

Des changements et des attentes nés du Coronavirus

Pourtant, la crise du Coronavirus et son urgence ont, dans les faits, bien souvent inversé ce rapport de force, que ce soit dans le milieu libéral, avec également l'apport des mairies, des associations et des citoyens, ou dans le milieu hospitalier.

Et nos deux praticiens de dresser ce constat : « Nous pouvons nous passer des tutelles administratives mais, sans nous, il n'y a plus de système de santé ! », allant même jusqu'à dénier toute légitimité au gouvernement et à la haute administration dans sa gestion de la crise.

Mais ils reconnaissent que « ce basculement est le fruit de la panique née de la pandémie et non d'un processus conscient clairement défini ». Ils voudraient donc qu'il s'inscrive dans la durée, et de manière officielle, d'où leur pétition.

Une de nos équipes a rencontré le docteur Stambach, et échangé avec lui, tel qu'on peut le voir dans le reportage ci-dessous : 

Il a fallu attendre cette crise vraiment majeure pour que, enfin à l'hôpital, ce soit les soignants qui reprennent les choses en main et c'est d'ailleurs comme ça que les services ont été réorganisés et que l'administration a suivi... C'est à dire que, au lieu d'être un frein - comme c'est le cas habituellement - ils sont devenus des partenaires décisionnels. Et nous, c'est vraiment ce qui nous intéresse dans cette crise quelque part : c'est que l'on montre qu'on peut faire autrement. [Frédérick Stambach]

 

Les demandes de la pétition

Une demande basée sur sept points, axée sur l'augmentation des moyens, des capacités, la prise en compte des réalités, l'abandon des logiques technocratiques, le partage décisionnel et même la remise en cause des traités européens, « incompatibles avec une politique de santé conforme à l’intérêt général. ».

La pétition appelle en outre à une double alliance, entre d'une part, tous les soignants hospitaliers et libéraux, et d'autre part, tous les citoyens, en dehors des clivages partisans, afin de pouvoir porter à l'Assemblée Nationale ces mesures.

Le Pouvoir aux soignants et aux usagers, nom de cette pétition,  a déjà récolté, ce vendredi 8 mai 2020 à 14h, près de 2700 signatures.
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