Le taux d'arsenic dans la terre est près de cinquante fois supérieur à la norme recommandée près d'une ancienne mine sur la commune de Vaulry (87). Lors d'une réunion d'information, les riverains se sont vus recommander des analyses d'urine.
Cinquante à soixante-dix habitants ont pris place dans la salle des fêtes de Vaulry, ce jeudi 11 janvier 2024 au soir.
Tous ont été convoqués parce qu'ils sont les riverains d'une ancienne mine d'étain et tungstène fermée depuis la fin des années 40. Autour de cette mine, une étude a été réalisée par le cabinet Geoderis. Celle-ci a été mise en ligne par un riverain.
Des taux stratosphériques d'arsenic ont été relevés dans les sols. Ils sont parfois cinquante fois supérieurs à la norme maximale recommandée par la Haute Autorité de Santé, soit 25 Mg par kilo de terre.
Présentation de l'étude
Le médecin de l'agence régionale de santé (ARS) a rappelé aux riverains qu'il leur était déconseillé d'ingérer de la terre, ou de faire un potager dans les sols contaminés, déconseillé aussi de se ronger les ongles ou de se baigner dans une eau contaminée. En cela, il suit strictement les recommandations de la Haute Autorité de Santé.
Christian Brugeron habite le bâtiment administratif de l'ancienne mine et s'en amuse : "J'ai arrêté de manger de la terre depuis environ 65 ans."
Quant à François Xavier de Villepin, lui aussi voisin de l'ancienne mine, il note : "ma famille habite ici depuis six générations et nous avons tous vécu jusqu'à plus de 90 ans sans aucun problème. Je pense que tout cela est dû à l'application bien tardive d'une norme européenne sur l'arsenic qui date de 2006. L'État cherche juste à se couvrir".
Cette directive européenne de 2006 impose un état des lieux sur l'ensemble du territoire français. Celui a mis beaucoup de temps à être réalisé.
Ces taux importants d’arsenic sont inquiétants parce que des habitations ont été construites avec des potagers, sur ces anciens sites miniers. Ça ne date pas d’hier et ça rassure faussement certains riverains.
Docteur Florent HuréMédecin ARS de Nouvelle Aquitaine
Même réaction de la part de Bernard Peigner, actuel maire de Vaulry, qui n'avait vraiment pas besoin de ce problème supplémentaire. Sa commune est en effet surendettée.
Conséquences
Les riverains de la mine se trouvent sur les communes de Vaulry, Breuilaufa et Cieux. Ils sont tous invités à réaliser une analyse d'urine, la seule méthode pour connaître la vraie concentration d'arsenic dans leur corps. Selon le docteur Souleiman El Balkhi, médecin spécialisé au CHU de Limoges, "L'arsenic peut provoquer des cancers. La présence de taches blanches sur les ongles des riverains doit interroger. Le taux à ne pas dépasser dans les analyses d'urine est de 10 µg d’arsenic/g de créatinine".
Les analyses seront réalisées jusqu'au 31 mars 2024.
Les riverains sont beaucoup plus inquiets pour la valeur de leur terrain et maison. Mais la sous-préfète de Bellac a été très claire sur le sujet : "Cette réunion vise à vous informer sur les risques pour la santé. Nous n'évoquerons aucun autre thème".
Le sujet est donc très loin d'être réglé.
Certains lui ont rappelé que des habitants de Longwy (54) auraient reçu des indemnités à la suite de problèmes engendrés par l'activité minière.
L'État devra-t-il décontaminer les sols ? C'est la vraie question.
D'autres villages concernés en Limousin
Près de la commune de Saint-Léonard-de-Noblat, les riverains d'une ancienne mine ont, eux aussi, dû réaliser des analyses d'urine. Selon le docteur Florent Huré, médecin à l'ARS, "ces analyses montrent de fort taux d'arsenic chez la plupart des habitants concernés."
D'autres anciens sites miniers sont potentiellement concernés en Limousin. Pour ces derniers, les études n'ont pas encore été réalisées.