En ce temps de commémoration de la Libération, gros plan sur une page sombre et encore méconnue de l'histoire haut-viennoise : les camps d'internement de prisonniers politiques et de familles juives installés à Saint-Paul et à Nexon sous l'Occupation. Une histoire encore difficile à porter.
Tulle, Oradour-sur-Glane... A l'occasion des 75èmes commémorations de ces événements tragiques, il a beaucoup été question du devoir de mémoire. Pour ne pas oublier les victimes de la barbarie nazie.
Mais face à certains pans de l'histoire française, le devoir de mémoire trouve ses limites. Le temps de la collaboration laisse un goût amer, et l'on aimerait parfois oublier...
Le camp des "indésirables"
Dès 1940, la commune de Saint-Paul en Haute-Vienne a interné, dans un camp initialement destiné aux réfugiés, des opposants au maréchal Pétain, qualifiés d'"indésirables" : communistes, anarchistes, socialistes, francs-maçons et gaullistes. Jusqu'à 900 personnes. Certains ont réussi à s'évader. Le camp sera libéré par des maquisards en juin 1944, il y a 75 ans.
Un camp de transfert vers la mort
Le camp de Nexon a lui-aussi servi à interner des opposants politiques, avant de basculer vers une utilisation encore plus sombre. Le 29 août 1942, 450 Juifs dont 68 enfants de la région de Limoges sont arrêtés et internés à Nexon. Ils seront ensuite livrés aux Allemands et déportés à Auschwitz et Drancy.Mémoire encombrante
Dans ces deux communes haut-viennoises, cette page sombre de l'histoire française a longtemps été occultée. Difficile à assumer pour des habitants dont les ascendants ont parfois été gardiens dans ces camps.
L'association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la déportation (AFMD) de la Haute-Vienne oeuvre pour que ces événements ne passent pas dans l'oubli : expositions, interventions dans des établissements scolaires, recherches historiques...
Une première fête de la fraternité en souvenir de ces camps d'internement aura lieu ces 15 et 16 juin à Saint-Paul.