Chauffeur de car licencié en Haute-Vienne : un système de surveillance dénoncé comme du "flicage"

Le licenciement de Damien Tabard met-il en exergue le flicage généralisé des chauffeurs de bus scolaire ? Depuis la rentrée de septembre, la région Nouvelle-Aquitaine a mis en place un système de géolocalisation de tous les cars scolaires, et une carte permettant de connaître tous les trajets des enfants.

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17h, à la sortie du collège de Saint-Sulpice-Laurière, c'est l'effervescence. Les élèves se pressent près des grilles pour rentrer dans la demi-douzaine de bus scolaires garés à l'arrière du bâtiment.

Depuis septembre, tous sont désormais munis d'un badge. Exactement comme le passe Navigo pour rentrer dans le bus à Paris. Les chauffeurs disposent, quant à eux, d'un téléphone portable qui leur permet de piloter le système.  Ce téléphone est équipé d'un système de géolocalisation qui permet à l'employeur de savoir précisément où se trouve le chauffeur.

C'est vraisemblablement grâce à ce système que l'entreprise a eu connaissance des arrêts de complaisance opérés par Damien Tabard. Pour lui, c'est donc du " flicage"

"Avec le système d'enregistrement des trajets, on est sous une pression inédite. Ça nous met même dans une situation où on est distraits par ce système-là"

Une manière de "déshumaniser le travail"  

" Un petit enfant de maternelle qui pleure, on doit le rassurer. Un enfant qui a perdu un document dans le car, on lui retrouve. S'ils oublient un sac de sport, on le dépose à la surveillante à l'entrée du collège. C'est ça notre boulot, c'est d'être au service des enfants et de leur sécurité".

L'ensemble des conducteurs que notre équipe a rencontré (Thomas Chollet-Lunot et Nicolas Chigot) dénoncent ce nouveau système. Mais aucun ne souhaite témoigner publiquement. Ils craignent de perdre leur emploi. Une conductrice a tout de même souhaité témoigner mais anonymement.

"On est tellement surveillés qu'on fait attention à tout. Même entre collègues, on ne sait plus à qui se fier. Les arrêts de complaisance ou sauvages, ça s'est toujours fait. Pas en ville car il y a des trottoirs, il y a tout ce qu'il faut, mais nous ici à la campagne, on ne peut pas faire autrement."

Des risques d'abus ?

Les conducteurs déplorent des règles non adaptées à leur territoire. Ils reprochent à la Région de ne pas leur faire confiance et de n'avoir qu'un seul mot d'ordre : optimisation.

" On est dans notre rôle d'organiser 6000 circuits. Si chacun fait ce qu'il veut, à un moment donné, ça ne pourra pas marcher. On a mis en place une carte billettique qui permet véritablement de connaître les trajets de tous les élèves sur la région, d'optimiser un certain nombre de circuits et d'arrêts. Avec cet outil, ça nous permet de géolocaliser combien de personnes montent à chaque arrêt, et surtout d'avoir le taux de remplissage des cars" explique Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des transports.

À la question de savoir si ce système ne peut pas engendrer des abus, l'élu botte en touche. 

"Si ça, c'est du flicage, à ce moment-là, tout ce qu'on a sur nous l'est aussi à commencer par notre téléphone. Je rappelle qu'il y a parfois des accidents et que le système nous permet de savoir tout de suite si des enfants sont à bord", justifie Renaud Lagrave.

Damien Tabard, le conducteur licencié, ne baisse pas les bras. Il a entrepris de collecter les témoignages d'autres chauffeurs, eux aussi victimes de cette surveillance. Une adresse mail a été créé en ce sens : jetemoignepourdamien@gmail.com

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