Crash du Rio-Paris : en Haute-Vienne, le frère d’une victime "humilié" par les réquisitions

Le 1er juin 2009, 19 salariés et conjoints d’une société Limousine sont morts dans le crash du Rio-Paris parmi lesquels deux salariés vivant en Limousin. Après les réquisitions, le frère de l'une des victimes, qui est également vice-président de l’association des familles de victimes, se dit humilié par les propos du procureur.

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Le tribunal rendra sa décision le 17 avril dans le procès du crash du vol Rio-Paris, qui s'est terminé jeudi 8 décembre avec les plaidoiries de relaxe des avocats d'Airbus. Ils ont demandé une "décision humainement difficile, mais techniquement et juridiquement justifiée".

Après neuf semaines d'audience, la 31e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a quatre mois pour trancher sur une éventuelle responsabilité d'Airbus et d'Air France dans cette catastrophe qui a coûté la vie à 228 personnes, de 33 nationalités différentes, le 1er juin 2009.

Mercredi, le parquet a requis la relaxe du constructeur et de la compagnie, jugés pour homicides involontaires depuis le 10 octobre, estimant ne "pas (être) en mesure de requérir (leur) condamnation".

Invité du journal de France 3 Limousin au soir des réquisitions, Philippe Linguet, frère d’une victime  (Pascal Linguet) et vice-président de l’association des familles de victimes s’est dit « humilié par les propos du procureur. Normalement, le parquet parle au nom du peuple français. Hier, il nous a semblé qu’il a parlé au nom des deux prévenus : Air France et Airbus. Il a quasiment fait leurs plaidoiries. Pendant 5 heures, le procureur a repris tous les arguments des deux prévenus, à charge pour les pilotes. Pour Airbus et Air france, les pilotes sont responsables à 100 % de cette tragédie, et c’est ce que nous contestons. »

Nous n’avons rien contre les sociétés Air France et Airbus et leur personnel. Nous en avons contre leurs dirigeants qui ne veulent prendre aucune part de responsabilité dans cette tragédie. C’est leur image de marque que nous voulons atteindre, mais pas leur porte-monnaie.

Philippe Linguet, vice-président de l’association des familles de victimes du crash Rio-Paris.

 « Biais rétrospectif »

L'avocat d’Airbus s'est appliqué à démontrer en quoi la société n'avait pas "sous-estimé" la gravité de la panne des sondes Pitot, les sondes mesurant la vitesse de l'avion qui ont, toutes les trois, givré sur l'AF447 la nuit de l'accident.

Déstabilisés par les répercussions de cette défaillance, les pilotes ont perdu le contrôle de l'A330 qui a décroché et heurté l'océan Atlantique moins de cinq minutes plus tard.

Dans les mois qui ont précédé le crash, il y avait eu une recrudescence des pannes de ces sondes. Mais pour Airbus, "à l'époque des faits, personne ne relevait de dangerosité" significative, "dans tous les cas connus à l'époque, il y avait eu une maîtrise de la trajectoire".

L'avionneur est aussi soupçonné de ne pas avoir pris de "mesures d'urgence" à destination des compagnies aériennes, afin qu'elles forment et informent mieux leurs équipages.

La cour d'appel qui a ordonné le procès a "été victime d'un biais rétrospectif", a plaidé Me Beauquier. "Il n'y a aucune désinvolture", a-t-il soutenu, "nous avons fait avant 2009 tout ce que nous avons pu pour éviter l'accident".

Se défendant de vouloir "blâmer les pilotes, accabler les morts", Me Ndiaye est néanmoins revenu sur le déroulement du vol, mettant en exergue le non-évitement de la zone de turbulences, la répartition floue des responsabilités au sein de l'équipe des pilotes.

"Les raisons pour lesquelles l'équipage n'a pas réagi de façon adéquate" restent "inexpliquées", a-t-il conclu. "Cela restera peut-être un mystère, mais cela ne peut pas être la base d'une condamnation".

 Jugement

Le jugement du procès est attendu le 17 avril. Philippe Linguet continue à croire en la justice : «nous conservons notre confiance dans la présidente du tribunal qui a mené ce procès d’une main de maître. Nous espérons  qu’elle prononcera une condamnation. »

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