L’épidémie de Covid-19 n’est pas terminée. En Limousin, les taux d’incidence repartent à la hausse. Les cas de réinfection sont de plus en plus fréquents. Quels risques à long terme ?
On espérait que l’épidémie de Covid-19 partirait avec l’arrivée du printemps et des beaux jours. Début avril, le nombre de cas de contaminations semblait marquer le pas. Mais la baisse n’a duré que quelques jours.
Désormais, la courbe est à nouveau à la hausse. En Corrèze, le taux d’incidence est remonté à 1490 cas pour 100 000 habitants (après être descendu à 1320 à la date du 5 avril).
Même tendance dans les deux autres départements du Limousin, où les taux sont toutefois un peu moins élevés : 1062 cas pour 100 000 habitants en Creuse et 980 cas pour 100 000 habitants en Haute-Vienne.
2e ou 3e contamination
L’épidémie est toujours là. Et avec elle, son lot de nouveautés. Très tendance actuellement : les réinfections. Les témoignages se multiplient de personnes en étant à leur deuxième voire troisième contamination au Covid-19.
Florian, qui travaille dans un établissement scolaire à Saint-Yrieix-la-Perche, est arrêté cette semaine : "Je suis à nouveau contaminé. Un an, exactement après la première infection. La première fois, c'était Delta, là c'est Omicron... Les symptômes ne sont pas très forts, comme une rhino. Sincèrement, si je n'avais pas appris que deux amis que j'ai vu récemment étaient positifs, je ne me serais pas fait tester. Mais ce qui m'étonne plus, c'est que j'ai eu mon rappel de vaccin il y a à peine deux mois..."
Selon Santé Publique France, 685 858 cas possibles de réinfection ont été identifiés en un an, entre le 2 mars 2021 et le 20 mars 2022.
95% seraient apparues depuis le 6 décembre 2021, qui marque le début de la diffusion du variant Omicron en France.
"On sait que la défense de notre système immunitaire face au Coronavirus a ses limites. C'est la même famille de virus que le rhume, or il est fréquent d'avoir plusieurs rhumes en une année, de sous-types particuliers. C'est pareil avec les sous-variants du Covid", explique le Dr Eric Denes, infectiologue à la Polyclinique de Limoges, "Et puis, il y a la levée des gestes barrière, la fin du port du masque, qui a accéléré la transmission."
1 réinfection sur 20 contaminations
En ce moment, 5,4% des contaminations à la Covid-19 sont des réinfections, selon Santé Publique France, soit un cas sur 20.
Une proportion en forte hausse puisque, avant le mois de décembre, seulement 0,7% des cas étaient des réinfections.
Le phénomène se serait accentué ces dernières semaines, depuis l’apparition du sous-variant BA.2 d’Omicron, majoritaire en France depuis fin février. Des personnes infectées en début d’année avec le sous-variant BA.1 sont contaminées quelques semaines plus tard par le nouveau sous-variant.
Toutefois, les cas de réinfection rapprochée sont rares : le délai entre deux épisodes de réinfection est de 242 jours en moyenne. Il est inférieur à 3 mois dans seulement 8,4% des cas de réinfection.
De même, seulement 1% des réinfections concerne des personnes qui ont connu trois épisodes ou plus de contamination au Covid.
Quels risques sur le long terme ?
C'est encore l'une des inconnues de cette épidémie, qui en réserve décidément beaucoup.
Pour François Vincent, pneumologue au CHU de Limoges, qui dirige une étude clinique sur le Covid long, le doute devrait inciter à davantage se protéger : "Dans mon service, sur les 4 dernières contaminations au sein du personnel, il y a 3 réinfections. Et leur première contamination datait de fin janvier à début mars. Voir les gens être réinfectés en 8 semaines, pour moi, ce n'est pas une bonne dynamique. 3 doses de vaccin + 2 infections : certains ont été 5 fois en contact avec le virus en l'espace de 15 mois. Le corps saura s'en souvenir. Comment, je ne sais pas...".
Certains sont moins définitifs: "A ce stade, on ne sait pas si le fait d'avoir plusieurs fois le Covid majore les risques de complication à long terme", nuance le Dr Eric Denes, de la Polyclinique de Limoges, "Ce que l'on sait, c'est que la vaccination ajoutée à l'immunité par infection ont permis de limiter la charge virale et la période de contagiosité".
Quid des "recombinaisons" ?
Autre inquiétude liée aux infections multiples : les recombinaisons. "Lorsque plusieurs sous-variants coexistent dans une population faiblement immunisée, cela peut créer un nouveau variant, par le biais d'une recombinaison génétique", explique François Vincent.
C'est d'ailleurs le cas du variant XE, issu des deux souches d'Omicron, BA.1 et BA.2, qui fait son apparition au Royaume-Uni (637 cas enregistrés) et a aussi été détecté en Israël.
Le cercle vicieux nouveau variant - réinfection - nouveau variant est-il enclenché ? Encore une inconnue de l'épidémie de Covid-19...