Premier comité d'entreprise ce mercredi 5 avril à chez F2J Stamping depuis l'annonce la cession prochaine de l'usine au groupe Jelza. Ambiance électrique garantie selon les syndicats. Les salariés exigent des garanties et menacent de faire échouer la cession en Haute-Vienne.
"Ça a fumé, les salariés sont super énervés !", c'est dans un vocabulaire toujours très imagé que Bruno Grimaux annonce la couleur du comité d'entreprise qui vient de se terminer, ce mercredi 5 avril à Bessines.
Cette première réunion entre représentants du personnel et la direction, depuis l'annonce de la cession, promettait d'être explosive. Plusieurs points d'achoppement l'ont conduit dans une impasse. Le premier, c'est le sort réservé aux bâtis de générateurs pour voitures à hydrogène. Ce contrat a été apporté par F2J et développé à Bessines. Un produit phare qui doit assurer l'avenir de l'usine, selon Bruno Grimaux, délégué FO. La direction a annoncé son intention de transférer une partie de cette production sur un autre site, F2J Japy dans le Doubs. Hors de question pour les salariés, ils exigent le maintien de l'intégralité de cette production lors de la vente de l'usine. Sinon, ils sont prêts à faire en sorte que le CSE émette un avis défavorable sur la vente, avec la menace de la faire échouer.
Sujet d'inquiétude qu'Axel Pré, directeur, reconnait. "Tout n'est pas figé. Sur les bâtis de générateur, nous envisageons un contrat tripartite entre notre client EODEV, l'usine de Bessines et F2J Japy. C'est EODEV qui nous a demandé de faire produire les bâtis en doublon sur un autre site au cas où l'usine de Bessines aurait un problème quelconque". Pratique assez courante dans l'industrie automobile. Avec la cession de l'usine de Bessines, le groupe F2J veut éviter de voir ces bâtis tomber dans la concurrence.
Autre sujet d'intense crispation : le montant de la vente. "Les actionnaires de F2J ont repris la boîte il y a quatre ans, ils ont empoché des aides publiques, apporté un peu d'activité, mais aussi généré beaucoup de dettes et maintenant, ils vont empocher plusieurs millions et nous laisser avec nos dettes. Ce sont juste des financiers !", s'étrangle Bruno Grimaux.
Version contestée par la direction. "Il ne s'agit pas d'une vente uniquement pour faire de l'argent. Nous avons apporté des marchés, developpé la soudure et l'assemblage, mais nous n'exploitons pas les capacités d'emboutissage de l'usine de Bessines avec notamment la presse de 2000 tonnes qui est sous-employée. Pour avoir les marchés dans ce secteur automobile, il faut un nom, une réputation, un accès. Nous ne les avons pas" explique Axel Pré. C'est pour cette raison que le groupe F2J aurait voulu dans un premier temps se séparer de la presse de 2000 tonnes. Jelza qui est en pleine expansion et a des relations dans le domaine de l'emboutissage se serait porté volontaire pour le rachat de la presse puis de l'intégralité du site.
Demeure tout de même une interrogation sur les capacités financières de Jelza. Le site du Cher a été repris il y a deux ans à FSD SNOP par Philippe Catel et Claude Pimpi. Deux noms qui ne sont pas inconnus en Limousin. Les deux associés ont en effet entamé leur carrière à la SOCOMEC à la Souterraine (premier nom de GM&S/LSI). Reste que sur le papier, c'est le petit qui rachète le gros puisque Jelza n'a qu'une trentaine de salariés contre 91 pour Bessines. Une acquisition "contre-nature" qui peut faire peur. Mais une partie des inquiétudes ont été dissipées lors de la visite des représentants du personnel à Saint-Florent-sur-Cher. "Nous les connaissons, nous les avons rencontrés et leur projet industriel est sérieux. Ils ont des clients. Les salariés là-bas ont du travail ras la gueule !", confie encore Bruno Grimaux. Le souci, c'est que ces acheteurs vont devoir débourser le prix d'achat et assumer presque 3 millions d'euros de dettes.
Les représentants du personnel ont rencontré la sous-préfète de Bellac ce jeudi 6 avril à 15 h 30. Ils veulent s'assurer que l'État suive de près le dossier pour que l'argent public investi lors de la dernière pérennise bien les emplois et ne serve pas juste à faire une plus-value pour les actionnaires. Dans cette même perspective, ils ont pris attache avec André Brouille, la vice-présidente de la région Nouvelle Aquitaine. Une réunion rassemblant toutes ces parties et la direction pourrait intervenir la semaine prochaine.