VIDÉO. Emploi industriel : l'entreprise F2J Stamping à Bessines pourrait être cédée avant l'été

C'est la petite sœur de GM&S à la Souterraine. L'usine F2J Stamping de Bessines-sur-Gartempe en Haute-Vienne, pourrait, une nouvelle fois, changer de propriétaire, suscitant des inquiétudes chez les salariés.

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Et de dix ! F2J Bessines, ex SOCOMEC, ex Altia, ex Steva, entre autres, va-t-elle afficher prochainement un nouveau nom (le dixième) sur son fronton ?

Ce mercredi 22 mars, les représentants ont appris lors d'un CSE qu'un projet de cession de leur usine pourrait aboutir avant l'été. L'acquéreur serait JELZA, une petite société basée dans le Cher employant 27 salariés. Bien loin de l'envergure du groupe F2J, présent dans plusieurs pays (Brésil, Argentine, Pologne et Espagne) et dont le PDG déclarait lors de l'acquisition de l'usine de Bessines en juillet 2019 : "Nous sommes là pour rester".

Si la cession se concrétisait, le groupe serait resté moins de quatre ans... Une moyenne dans la droite lignée de ce qu'a vécu ce site depuis sa création.

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C'est la petite soeur de GM&S à la Souterraine. L'usine F2J Stamping de Bessines pourrait une nouvelle fois changer de propriétaire, suscitant des inquiétudes chez les salariés. ©France Télévisions

Une usine très endettée 

Un peu médusés et déjà échaudés par de nombreuses reprises, les salariés craignent de repartir dans la spirale des cessions acquisitions qui dépeuplent un peu plus l'usine à chaque fois. De 300 salariés à son apogée, elle n'en compte désormais plus que 91 ! 

"On panique, c'est la dixième fois ! Nos actionnaires vont prendre de l'argent dans la cession et en face, c'est une toute petite boite qui va tout reprendre, y compris les dettes. On a un prêt garanti par l'État, l'emprunt de 600 000 euros souscrit auprès de la Région. On doit aussi plus d'un million à une banque et 300 000 euros à la com-com".   

Bruno Grimaud, l'emblématique syndicaliste FO du site, qui n'a pas sa langue dans sa poche, est inquiet. JELZA a-t-elle les épaules assez solides pour reprendre l'usine ? 

"On ne veut pas être jetés comme ça, la cession doit pouvoir se discuter avec les salariés. On va rencontrer les repreneurs le 31 mars pour voir s'ils sont assez solides. Le projet qu'ils portent est peut-être intéressant. Mais ce qu'on ne comprend pas, c'est que les bâtis de générateurs à hydrogène, le produit phare de Bessines, un produit d'avenir, ne fait pas partie du projet de cession. C'est incompréhensible. Si ça doit se passer comme ça, autant partir en redressement".  

Les représentants du personnel ont d'ores et déjà sollicité la préfecture et la région pour être accompagnés dans cette nouvelle péripétie. L'idée étant d'éviter qu'une nouvelle fois, les dirigeants partent après avoir profité d'argent public en laissant des dettes derrière eux. 

Le directeur se veut rassurant

L'actuel directeur de l'usine, Axel Pré s'en défend. "Le projet de JELZA est tout à fait complémentaire avec la stratégie que nous avons développé pour Bessines ces dernières années. On avait axé l'activité sur l'assemblage et le candidat à la reprise veut s'orienter vers l'emboutissage. C'est une opportunité de refaire de l'emboutissage qui est l'activité historique du site de Bessines. Nous sommes dotés d'une presse de 1000 tonnes plutôt rare en France et jusqu'alors sous-employée. Les candidats ont du travail pour cette presse. Cette vente est intéressante parce qu'elle va apporter des affaires".

Si l'aide n'est pas à la hauteur et si le projet se présente mal, Bruno Grimaud prévient :

"On nous connait, on est de la même race que les GM&S, on faisait partie de la même boîte. Demain, s'il faut faire des scandales pour faire entendre notre action, on le fera. Ça fait 30 ans que ça dure, les salariés sont en colère, ils en ont marre !"

Depuis la reprise par le groupe F2J en 2019, le site de Bessines ne se portait pas mal. L'usine produit des capots de tracteur Massey Ferguson, des pièces pour Volvo et ces fameux bâtis de générateurs à hydrogène apportés par les actuels propriétaires. Le chiffre d'affaires l'an dernier a été de 14,5 millions d'euros. La facture énergétique pèse lourd, mais la situation est saine. 

L'ex sous-traitant automobile, une nouvelle fois dans la tourmente 

Cette usine marron et jaune ne rappelle pas la grande sœur GM&S à la Souterraine sans raison. Toutes deux faisaient historiquement partie de la SOCOMEC fondée en 1963. Une troisième usine au Mans complétait ce groupe fondé à partir d'une fabrique de trottinettes. 1200 salariés travaillaient à son apogée pour ce sous-traitant automobile (600 à la Souterraine, 300 à Bessines, 300 au Mans)

La vente en 1991 et ses suites ont été une longue et pénible descente aux enfers pour les salariés. Les gros profits générés par ce groupe ont attiré les repreneurs mal intentionnés qui ont petit à petit vidé le groupe de sa substance. Peu d'investissement, de grosses ponctions dans l'argent généré, les délocalisations expliquent en partie l'étiolement de l'entreprise.

Scindée en deux parties distinctes au moment du retrait d'Altia en 2015, les deux sites de Bessines et la Souterraine ont connu des fortunes diverses. GM&S a défrayé la chronique en 2017, devant un des gros dossiers sociaux de la campagne présidentielle. On pouvait espérer un sort moins chaotique pour Bessines. Ce nouvel épisode va mettre durement à l'épreuve les nerfs des salariés qui aspireraient à un peu de stabilité. 

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