L'association "Alerte des médecins sur les pesticides" tire la sonnette d'alarme. Début 2024, les manifestations agricoles ont amené le gouvernement à stopper des mesures visant notamment à limiter l'usage des pesticides. Une pétition signée par 800 médecins et soignants met en garde contre les dangers des produits phytopharmaceutiques.
L'appel de l'association "Alerte des médecins sur les pesticides" ce jeudi 28 mars 2024, met en garde contre la dangerosité des pesticides au plan sanitaire. Une pétition signée, à ce jour, par près de 800 soignants, demande à protéger la population des dangers de tels produits.
Entretien avec Pierre-Michel Périnaud, président de l'association "Alerte des médecins sur les pesticides", invité du JT soir de France 3 Limousin ce jeudi 28 mars :
Exposition aux pesticides : tous concernés ?
"Oui. Ça commence par les nourrissons dans le ventre de leur maman, avec des liens avec les troubles du neuro-développement. Ça continue chez l'enfant avec des liens avec des tumeurs cérébrales et des leucémies pour des expositions aussi banales que celles des pesticides utilisés à l'intérieur de nos maisons. Cela se poursuit chez l'adulte. Maintenant que les études arrivent, maintenant que les scientifiques s'intéressent à ces questions, il y a des liens avec certaines tumeurs cérébrales, des troubles cognitifs. Il y a des liens avérés, solides et on n'en tient pas compte."
L'association s'appuie notamment sur l'expertise de l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, publiée en 2021. Dans cette étude, l'organisme public confirme la "mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides".
Quelles mesures ?
"Ce qu'on propose, c'est d'utiliser l'agriculture biologique comme outil de santé publique, explique le docteur Pierre-Michel Périnaud. Si on pense que l'agriculture biologique est utile et même indispensable pendant la période de la grossesse, il faut aussi qu'elle soit accessible à tous et c'est pour cela que les mesures que l'on propose, on les propose dans un cadre de lutte contre les inégalités sociales de santé. On propose un panier bio toute la grossesse. C'est ce qu'on appelle les ordonnances vertes, assorties de mesures d'information sur les autres perturbateurs endocriniens, sur ce qu'il faut éviter dans son quotidien. Mais également que nos collègues se saisissent de la question des cantines scolaires, de la déclaration des maladies professionnelles, des riverains et de leur exposition. On a montré par une étude qu'il y a un lien entre l'exposition à la vigne et la leucémie chez l'enfant. Tout ça reste des chantiers dont il faut se saisir."
Manger bio = moins de risques de développer un cancer ?
"Absolument, cela a été prouvé par L'INSERM d'après des études récentes. Les plus forts consommateurs bio ont moins de risques de certains cancers, lymphomes non hodgkiniens et cancers du sein, moins de troubles d'obésité et moins de risques de diabète. C'est cela qu'il faut mettre à la portée de tous."
Dans sa pétition, "Alerte des médecins contre les pesticides" demande, entre autres, à l'État :
- d'impulser une politique volontariste de production bio pour protéger les femmes pendant leur grossesse
- une transition vers l’agroécologie de l’agriculture française
- la reconnaissance des préjudices subis par les professionnels
- une application pleine et entière de la réglementation européenne sur les pesticides.