Pourquoi la Creuse est-elle particulièrement touchée ? Cette nouvelle vague est-elle surprenante ? Pourquoi la vaccination n’empêche pas la circulation du virus ? Faut-il s’habituer à la vaccination ? Nous avons posé ces questions à Pierre-Marie Preux, épidémiologiste à l’Université de Limoges.
Un taux d’incidence de 329 nouveaux cas pour 100 000 habitants en une semaine en Creuse, une augmentation exponentielle des contaminations dans nos trois départements, de nouvelles mesures sur le port du masque en Haute-Vienne… Comme dans toute la France, la situation sur le front du Covid est préoccupante. Voici l’analyse de l'épidémiologiste Pierre-Marie Preux.
Pourquoi la Creuse est-elle particulièrement touchée ?
"D’abord, par rapport à la moyenne nationale, on n’est pas si haut que ça (329 contre 307). Ensuite, la Creuse n’a pas été autant touchée que d’autres territoires sur les vagues précédentes, et l’immunité post-infection est probablement un peu plus faible dans ce département. Enfin, on est dans une période hivernale, on est dans une reprise épidémique très forte, on n’a pas l’immunité collective post vaccinale… Même si le territoire est bien vacciné, on n’atteint pas les 90-95% de la population générale qu’on devrait atteindre pour stopper la transmission virale."
Cette nouvelle vague est-elle surprenante ?
"C’est surprenant globalement. On s’attendait à une nouvelle vague, c’est clair : avec la période hivernale, les gens rentrent à l’intérieur, il y a donc plus de transmissions par aérosols. Mais cette vague est très rapide."
Pourquoi la vaccination n’empêche pas la circulation du virus ?
"Il y a deux réponses. D’abord, on n’a pas atteint l’immunité collective post vaccinale. Avec un virus très transmissible, il faudrait un taux de vaccination de 90-95% de l’ensemble de la population, ou quasiment 100% des adultes puisqu’on ne vaccine pas les enfants. Et puis le vaccin est peut-être moins actif pour diminuer la transmission sur le variant Delta.
Deuxième élément, le vaccin diminue tout de même énormément les formes graves, notamment après une dose de rappel. On sait que la troisième dose booste l’immunité, augmente le taux d’anticorps, et réduit les formes graves d’un facteur d'au moins 10."
Faut-il s’habituer à la vaccination ?
Ce n’est pas gravissime qu’il y ait des cas positifs ou des symptômes bénins. L’essentiel, c’est qu’on n’ait pas des gens qui aillent à l’hôpital, et là le vaccin protège vraiment bien, surtout avec une dose de rappel. Ce n’est pas nouveau, on a d’autres vaccins qui fonctionnent comme ça. A l’avenir, il faudra peut-être se vacciner une fois par an, on ne sait pas. Mais oui, on va se faire vacciner régulièrement, comme pour la grippe.