550 millions de dollars pour le développement de l’Hyperloop au Canada, quid du Limousin ?

Avec du retard sur le calendrier prévu, la société canadienne Transpod a trouvé des investisseurs Britanniques et Chinois pour développer une ligne Hyperloop au Canada. Qu'en est-il du projet développé en Haute-Vienne ? Cinq questions au président de Transpod, Sébastien Gendron…

Après des retards dus à la Covid et à des défauts de financement, la société canadienne Transpod a trouvé des investisseurs Britanniques et Chinois pour développer une ligne Hyperloop au Canada. L’occasion de faire le point sur ce système de transport à très grande vitesse, les projets notamment en Haute-Vienne. Le président de Transpod, Sébastien Gendron, répond à nos questions.

550 millions de dollars pour l’Hyperloop au Canada ?

La société britannique Broughton Capital Group et l’entreprise d’Etat chinoise CERIECO ont décidé d’investir dans le projet de transport à très grande vitesse Hyperloop de TransPod. Un premier financement de 550 millions de dollars est débloqué pour développer une ligne entre Edmonton et Calgary dans la province d’Alberta au Canada.

« Les pouvoirs publics nous avaient dit : on ne mettra pas d’argent mais si vous êtes capables d’attirer des investissements privés, on sera prêts à travailler ensemble. Ce qui intéresse les investisseurs, c’est le projet complet de plusieurs milliards, 500 millions ce n’est presque pas grand-chose pour eux », explique Sébastien Gendron, PDG de l’entreprise Transpod.

Un projet de longue haleine, entre les études d’impact, le permis de construire, l’acquisition des terrains, le développement de la technologie, les essais et la réalisation de la ligne, ce tronçon à très grande vitesse ne verrait pas le jour avant 2030/2035.

Hyperloop : comment ça marche ?

En 2013, l’emblématique patron de Tesla et SpaceX, Elon Musk, lance le premier projet Hyperloop aux Etats-Unis.

Le principe : dans des tubes vidés de leur air, des capsules propulsées grâce à des champs magnétiques foncent à toute allure, à une vitesse de pointe pouvant atteindre 1 200 km/h.

L’homme d’affaires américain sollicite des investisseurs internationaux, dont la SNCF. Pour ce projet futuriste, il lève 160 millions de dollars.

Trois sociétés sont alors sur les rangs pour développer cette technologie : les américains Virgin Hyperloop, Hyperloop Transportation Technologies et le Canadien TransPod. Ce dernier, en 2018, aura pour projet de créer une piste d’essai à Droux, dans le nord de la Haute-Vienne.

Où en est le projet de piste à Droux ?

En 2018, sous l’impulsion de l’association Hyperloop Limoges, à Droux en Haute-Vienne, une ancienne voie de chemin de fer est pressentie pour accueillir une piste d’essais de 3 kilomètres de long.

Ce projet d’une vingtaine de millions d’euros faisant appel à des fonds privés va prendre du retard. Des problèmes de financement puis la pandémie de Covid-19 ont sérieusement ralenti le début du chantier.

Depuis cet automne 2021, la voie a été défrichée, déboisée, le terrassement est prévu en avril-mai 2022 avant la construction du bâtiment.  

« En mai, on va dévoiler à Toronto un véhicule faisant cinq mètres de long et pesant un peu plus d’une demi-tonne. Une belle bête qui va léviter, avancer et reculer. On essaiera de faire venir ce prototype en France. Pour Droux, on a un véhicule à l’échelle un demi que l’on doit développer, qui servira pour les essais l’année prochaine », annonce Sébastien Gendron.

Et la recherche ?

Sur Limoges, même si la Covid a mis un coup de frein, une dizaine de chercheurs travaille sur ce projet en collaboration avec les instituts et laboratoires de recherche de l’université XLim et IRCER.

« On a des doctorants qui travaillent toujours avec eux. XLim, c’est pour la partie communication entre les véhicules et l’infrastructure. L’IRCER intervient sur la partie matériaux. Comme on est dans un environnement à faible pression, la propriété des matériaux change et il faut choisir ce que l’on met à l’intérieur du tube. C’est passionnant ! », s’enthousiasme Sébastien Gendron.  

Paris a 45 minutes de Limoges, mirage ou réalité ?

Début novembre 2020, sur une piste de 500 mètres, à 160 km/h, Virgin Hyperloop réalisait ses premiers essais dans le Nevada avec deux passagers à bord d’une capsule.

Si le principe fonctionne, la difficulté consiste à trouver des financeurs. En décembre 2021, la société américaine Hyperloop TT abandonnait son projet de piste d'essai d'un kilomètre sur la base de Francazal près de Toulouse. Une technologie qui laisse de marbre les investisseurs publics français.

« Il y a un manque d’ambition publique. La France a été capable d’innover dans les années 70 avec le TGV, Airbus, Le Concorde, Ariane Espace. Depuis, plus rien...On a loupé internet, on a loupé le vaccin pendant la pandémie, là, on est en train de développer un nouveau mode de transport. Si on n’innove pas, on ne devient pas leader ! », clame Sébastien Gendron.

Des pouvoirs publics frileux, une technologie de rupture demandant de la recherche, le rêve d'une ligne à très grande vitesse reliant Paris à Limoges en 45 minutes n’est pas prêt de voir le jour...

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