Une étude de l’institut des hautes études de la sécurité (INHESJ) indique que 406 pompiers auraient été agressés en 2016 en Nouvelle-Aquitaine. Des chiffres à relativiser dans les trois départements limousins.
Samedi 31 Août, les pompiers sont intervenus dans un quartier sensible de Limoges. Ils ont été la cible de projectiles alors qu’ils éteignaient un feu de moto.
Comme l’a écrit un officier du SDIS 87, cet acte est totalement incompréhensible et intolérable.
Cette nuit les sapeurs pompiers du centre de secours principal de Limoges Mitout ont été la cible de jets de pierres.
— Jérémy LAVERGNE (@jerMLavergne) 1 septembre 2019
Acte incompréhensible et intolérable.
Soutien total aux équipes.@rescomSP @Sdis_87 #touchepasàmonpompier pic.twitter.com/71Zy8qe2H5
Le nombre d’agressions aurait beaucoup augmenté ces dernières années en Nouvelle-Aquitaine. Il serait passé de 132 en 2015 à 406 en 2016.
Mais en creusant un peu, on se rend compte que le système de comptabilisation a changé entre ces deux années. Certains faits dont on ne tenait pas compte ont été répertoriés à partir de 2016 pour les faire entrer dans les statistiques. Le nombre d’agression n’a donc pas augmenté de façon exponentielle.
En Haute-Vienne
On a répertorié 16 agressions en 2016 et 24 en 2018 pour 20 000 départs de secours par an. 0,08 % des interventions se terminent donc mal. Des faits qui vont de la simple injure à l’agression physique.Il y a quelques mois, les pompiers ont été témoins d’une bagarre à la sortie de l’hôpital de Limoges. Un amant éconduit frappait une femme. Ils ont donc fait preuve de civisme en intervenant. Les coups ont volé et l’amant éconduit sanctionné par la justice.
De la même manière, le 18 a été sollicité pour se rendre au domicile d’un couple dont la femme était battue près de St Matthieu. Les sapeurs-pompiers ont été copieusement insultés et des condamnations sont tombées.
Les troubles ne se déroulent donc pas uniquement dans les quartiers sensibles.
La direction des pompiers dispense des formations à son personnel pour gérer les situations sensibles et aussi mieux comprendre la culture des personnes chez qui ils interviennent.
Des plaintes sont aussi systématiquement déposées, même pour les faits les moins graves, afin de ne rien banaliser.
En Creuse
D’une manière générale, les pompiers ont tendance à beaucoup relativiser ce qui leur arrive. En Creuse, leur direction leur rappelle chaque jour qu’aucune intervention n’est banale et qu’il faut prendre des précautions. Elle les pousse à appliquer la politique du « carreau cassé ».En 2015, Les pompiers de Guéret se sont rendus chez un homme qui était inconscient après avoir ingéré un peu trop de vodka. Quand ils sont entrés dans son appartement, il est brusquement revenu à lui pour les agresser avec un couteau. Le chef du groupe de secours s’est défendu en le repoussant avec ses pieds et n’a été que légèrement blessé au mollet. Mais l’intervention aurait pu tourner au drame.
La politique du carreau cassé consiste à ne rien laisser passer et à déposer une plainte systématiquement. L’agresseur au couteau a été condamné à 18 mois de prison avec sursis.
En Creuse, 2 à 4 interventions tournent mal chaque année sur 10 000 départs, soit 0,04 % des cas.
La direction du SDIS 23 organise des formations très originales. Elles permettent aux policiers, aux gardiens de prison et aux pompiers de se former mutuellement.
Les problématiques rencontrées par les gardiens de prisons et les pompiers sont par exemple les mêmes. Ils interviennent sans arme dans un environnement où ils sont en infériorité numérique. Ils doivent donc savoir se dégager rapidement en cas de problème et garder une distance de sécurité.
En Corrèze
La direction des pompiers de la Corrèze nous indique compter 2 à 3 agressions par ans depuis 2016Mais le syndicat FO nous indique que les régions de Tulle et Ussel sont très épargnées par les faits de violence à l’encontre des secours.
Quelques cas ont été répertoriés près de Brive. On demande aux pompiers de la Corrèze de ne prendre aucun risque et de déposer plainte systématiquement.