C'est au CHU de Limoges que sont effectuées la plupart des analyses visant à détecter la présence de pesticides et notamment de glyphosate. Le laboratoire participe à de nombreuse études au niveau international pour déterminer les risques sur la santé humaine.
On les a surnommés les "pisseurs volontaires". En 2019, Martine Laplante, présidente des Amis de la Terre du Limousin, a fait partie d'une cohorte de 50 volontaires à Limoges à faire tester son urine pour y rechercher la présence de pesticides.
"Je me demandais si, en mangeant bio j'avais quand même du glyphosate", explique celle qui reconnait avoir participé à un acte militant.
A l'époque, ces prélèvements ont été envoyés à un laboratoire en Allemagne. Mais le CHU de Limoges abrite le laboratoire national de référence en matière d'analyse de pesticides.
C'est au laboratoire du service de pharmacologie, toxicologie et pharmacovigilance de Limoges qu'arrivent les prélèvements comme l'urine, les cheveux, ou le sang.
Les équipes spécialisées, qui ont créé sur place leurs propres outils d'analyse, y recherchent la présence de pesticides. Mais les résultats n'apportent pas toutes les réponses.
"On peut mettre en évidence la présence de multiples pesticides dans un échantillons, et pour autant ne pas être capable de dire si la personne encourt un danger ou pas", explique le Pr Franck Saint-Marcoux, spécialiste en toxicologie biologique et médico-légale.
Des études au long cours
Grâce à ce savoir-faire, le CHU de Limoges participe à de nombreuses études.
Beaucoup d'analyses concernent la chlordécone, un insecticide longtemps utilisé aux Antilles dans les cultures de bananes.
Une autre étude s'est déroulée en Angleterre avec une cohorte de jumeaux qui partagent le même patrimoine génétique. L'un mange bio, l'autre non.
"On a trouvé que la présence de glyphosate parmi d'autres pesticides fait que notre flore intestinale - ce qu'on appelle le microbiote - est de moindre qualité. Du coup, il y a un risque pour la santé, et probablement sur le long terme.", révèle le Dr Souleiman El Balkhi, spécialiste en toxicologie analytique environnementale au CHU de Limoges.
Chaque étude ne manque pas de soulever de nouvelles, sur ce sujet très sensible de l'impact des pesticides sur la santé humaine.