Bande dessinée : on vous raconte en dessins la venue à Limoges de Zep, le papa de Titeuf

Rare en dédicaces, l'auteur et dessinateur de bandes dessinées Zep était de passage à Limoges, ce 13 mars, pour une séance de signatures. Récit de cet après-midi, aux côtés du créateur de Titeuf et de son public limougeaud venu en nombre.

"Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi il y a autant de monde ici ?" Dans le centre-ville de Limoges, la rue Adrien-Dubouché était particulièrement animée, ce mercredi 13 mars, au point d'interloquer les habitués. En ce début d'après-midi ensoleillé, une file d'attente se forme devant la librairie 'Bulles 2 papier'. Tous tiennent des ouvrages d'un même dessinateur : Zep.

"On accueille Zep, le papa de Titeuf," dévoile Pierre Rivette, l'un des salariés de la librairie, aux passants curieux.

L'auteur et dessinateur de la série Titeuf est arrivé par le train vers midi, et déjeune dans un restaurant de la rue Adrien Dubouché. C'est là qu'il a accordé une heure d'échanges (et de nombreuses dédicaces, bien sûr) aux commerçants de la rue piétonne. C'est grâce à leur mobilisation, via une vidéo postée sur les réseaux sociaux à l'occasion d'un concours, que le bédéiste suisse est venu en terres limousines.

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Ce concours (...) permet de découvrir de nouvelles librairies, parce qu'on va souvent dédicacer dans les mêmes. Je n'en fais presque plus, j'ai tendance à aller signer dans la librairie en face de chez moi ou à côté de mon éditeur. Là, c'est l'occasion d'aller dans des villes où on ne va pas forcément.

Zep

Auteur et dessinateur

À peine sorti de table, peu après 14 heures, le dessinateur se prête aux discussions et aux dédicaces avec les commerçants, avides de questions. Plutôt abordable, Zep apprécie les projets de bande dessinée que lui soumet un illustrateur local, se confie aussi sur les siens.

Dans la foule de ces professionnels, on remarque Sacha. Il a un dessin original dans les mains, représentant Titeuf et Nadia, son amoureuse, sur une feuille avec le logo du Secours populaire français.

Il est 15 heures, l'heure de la dédicace. Entouré par sa petite escorte de libraires et d'éditeurs, Zep reçoit un accueil digne d'une rock star devant la librairie, située juste en face. Sous les applaudissements, le dessinateur prend la pose pour quelques photos. Les badauds s'arrêtent, interrogatifs.

C'est toujours super de voir le public, parce que c'est un métier très solitaire. On ne voit pas nos lecteurs et on les rencontre que dans ces moments-là. (...) Quand je sors de mon atelier et que je rencontre des lecteurs, qui ont pour certains grandi avec Titeuf, c'est parfois émouvant.

Zep

Auteur et dessinateur

À peine installé à l'entrée de la librairie, le Suisse part aussitôt pour trois heures de signatures. Sur les premières pages, il trace pour chacun à la main levée une version personnalisée du fameux personnage à la mèche blonde. Mais pas que : Dumbo, cette camarade de classe de Titeuf moquée à cause de ses grandes oreilles, est aussi plébiscitée.

Les dédicaces sont un exercice plus laborieux qu'il n'y paraît : de 15 à 18 heures, Zep a pour mission d'en réaliser au moins une centaine. Pour les organisateurs, le but est de frustrer le moins de monde possible, d'où plusieurs règles : une dédicace par personne, les enfants sont prioritaires, et la bande dessinée dédicacée doit être achetée à Bulles 2 papier l'après-midi même.

"C'est génial que la librairie organise ce type de rencontre, confie Vivien, un habitué de la boutique. Je suis collectionneur, j'ai 500 ou 600 bédés et je n'avais pas l'édition des 25 ans de Titeuf. C'est un bel objet, d'autant plus dédicacé. C'est tout à fait normal de devoir acheter sur place la bédé, c'est un geste de soutien pour les libraires indépendants."

Seize heures. Dehors, la file d'attente qui remonte vers la rue Monte-à-Regret se retrouve en plein soleil. Seule, Sylvie fait la queue depuis 15 heures pour offrir un Titeuf dédicacé à sa petite fille Suzie, quatre ans, qui vient d'entrer à l'école en Suisse. Elle lui a choisi un tome bien spécial, sorti en 1995.

Si toutes les générations semblent être représentées dans cette file d'attente, beaucoup sont des trentenaires qui, comme Vivien, ont grandi avec le personnage de Titeuf. Ils viennent rencontrer son papa avec une pointe de nostalgie, mais aussi avec la volonté de transmettre aux plus jeunes... même si Titeuf est très porté sur les grossièretés.

Émilie et Paul connaissent surtout Zep pour Titeuf, et découvrent son travail actuel, davantage tourné vers un public adulte. Intéressé, Paul s'est procuré une de ses dernières bandes dessinées.

L'après-midi s'est déroulée sans encombres et dans le sourire. "Tout s'est super bien passé, on est super contents, confie Pierre Rivette, avant de se tourner : Et toi Philippe ?" - Super !" glisse Zep avant de se replonger dans l'une de ses dernières dédicaces limougeaudes.

►Le reportage d'Arnaud Connen de Kerillis et Mathilde Baralle