Les représentants du monde agricole ont été reçus, ce 2 mai 2024, à l'Élysée par Emmanuel Macron. Une rencontre qui ne clôt pas la crise du secteur. La plupart des syndicats n'ont pas été convaincus par le Président qui attend la fin des mobilisations de terrain pour dresser des perspectives.
Emmanuel Macron a reçu, jeudi 2 mai à l'Élysée, les représentants du monde agricole. Le président de la République avait promis cette rencontre il y a plus de deux mois, afin d'échanger sur les « perspectives » du secteur et « acter la fin » de la crise agricole, alors qu'un projet de loi sur l'agriculture est examiné en commission cette semaine à l'Assemblée nationale.
Après cette rencontre, Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA (syndicat majoritaire) a tenu une conférence de presse. Ni déçu ni satisfait, il a expliqué : Emmanuel Macron "nous a dit qu'il ne croyait pas à la fin des mouvements tant les causes étaient protéiformes et ce qui l'intéressait, c'était de construire un projet d'avenir et qu'il n'avait pas l'intention de courir derrière la colère. Ce sont ses mots".
Le Président est prêt à "attendre après les élections aux chambres d'agriculture", prévues en janvier 2025, jugeant que la concurrence entre syndicats pouvait être "un facteur d'interférence dans la définition de la vision de l'avenir de l'agriculture", a ajouté le patron de la FNSEA, syndicat qui contrôle actuellement l'immense majorité des chambres d'agriculture en France.
La coordination rurale reste mobilisée
"J'ai senti un peu la Coordination rurale visée parce que sur le terrain, nous restons mobilisés, a déclaré à la presse Véronique Le Floc'h, présidente du deuxième syndicat agricole. Il a bien dit que les mobilisations devaient quelque part cesser pour qu'on puisse se mettre au travail."
On a des mesurettes qui sont annoncées de jour en jour, donc il faut que le Président s’attende à ce que le mouvement aille crescendo, car c’est une question de survie.
Emilie Rebière, VP de la Coordination Rurale et agricultrice en CorrèzeFrance 3 Limousin
Invitée de notre édition ICI 12-13 ce jeudi 2 mai, Emilie Rebière agricultrice en Corrèze et vice-présidente nationale de la Coordination Rurale, n'a pas été convaincue : « Évidemment, on n’est pas entendus, on nous balade de réunion en réunion. Moi, éleveuse en Corrèze, je ne vois rien de concret. On a des mesurettes qui sont annoncées de jour en jour, donc il faut que le Président s’attende à ce que le mouvement — qui n’a jamais cessé dans nos territoires — aille crescendo, car c’est une question de survie ».
"Il serait bon de lui rappeler qu’il est Président de la République française et là pour défendre les Français, il n’est pas Président de l’Europe et ce n’est pas étant hypermondialiste et proeuropéen comme il l’est qu’on arrivera à tirer un revenu décent pour les agriculteurs. (...) Le revenu est complètement oublié : il faut arrêter de sacrifier l’agriculture dans les traités de libre-échange et maîtriser les charges, c'est pour ça qu’à la CR, on demande un bouclier tarifaire".
La Confédération paysanne pas plus convaincue
La Confédération paysanne n'a pas été plus convaincue par le Président, notamment sur la question du revenu agricole. Dans un communiqué, le syndicat agricole déclare : "Le président de la République a conditionné la tenue d’un grand discours de perspectives pour l’agriculture cet automne à la fin des mobilisations de terrain. Sans quoi, il ne prononcerait ce discours qu’après les élections professionnelles. Mais nous n’avons pas besoin de grands discours : nous avons besoin d’actes concrets."
"Nous ressortons de ce rendez-vous inquiets pour toutes celles et tous ceux qui restent exclus de la réponse du gouvernement aux difficultés structurelles de l’agriculture. Pour la Confédération paysanne, la négociation n’est donc pas terminée. Nous resterons mobilisés, tant qu’aucune garantie sur la protection du revenu, l’accompagnement à la transition écologique et le renouvellement des générations n’aura été apportée".