À l'Université de Limoges, 17 000 étudiants et près de 1800 salariés changent leurs pratiques depuis le 16 mars 2020, entre cours à distance et télétravail. À l'heure où nous écrivons ces lignes, aucune décision n'a été prise pour savoir si les examens se feront à distance ou en présentiel.
Le lundi 30 mars 2020 a marqué le début de la 3ème semaine de confinement, une situation inédite qui doit se prolonger jusqu'au 15 avril au moins, comme l'a annoncé Edouard Philippe.
Le télétravail généralisé
Depuis la fermeture des locaux le 16 mars 2020, les 17 000 étudiants et 1800 personnels (dont 60% d'enseignants) de l'Université de Limoges travaillent à distance, comme nous l'explique son président Alain Célérier.
On a passé la première semaine à organiser l'enseignement à distance, ce qui marche à peu près bien. Pour les étudiants qui n'ont pas d'ordinateur, nous en avons commandé une cinquantaine, mais ils ne sont pas encore arrivés (interview réalisée le 30 mars 2020).
Sur les 500 étudiants qui se trouvaient à l'étranger, la plupart ont pu rentrer en Limousin, seule une vingtaine a estimé que rester sur place était plus sécurisant que d'entreprendre le voyage de retour.
Notre #cellule de crise @unilim toujours en action,même à distance grâce aux services @UnilimDSI pour travailler sur la continuité des activités pédagogiques et de #Recherche pic.twitter.com/LAZi2Cueo4
— Alain Célérier (@A_Celerier) March 18, 2020
Seules quelques activités comme l'animalerie (avec des souris pour des expériences) ou le réapprovisionnement en azote liquide de certains laboratoires nécessitent une présence physique sur le campus de façon régulière.
Des espaces de formations et d'échanges, des formations en ligne et des tutos ont été mis en place ainsi qu'une hotline de "continuité pédagogique" ouverte depuis le 30 mars 2020 du lundi au vendredi de 10h30 à 12h (via Moodle) et une adresse mail d'assistance 24h/24 : svp.communities@unilim.fr
Pour tenter de dédramatiser la situation, Canalsup, la webtv de l'Université, a réalisé une vidéo résumant le dispositif mis en place
Les cours en ligne
Les cours de l'Université de Limoges sont désormais hébergés sur la plateforme numérique Moodle, qui permet de suivre des cours en ligne parfois même en visioconférence.
Notre communauté enseignante avait des pratiques très hétérogènes en la matière détaille Stéphanie Lhez, vice-présidente en charge des formations, il a fallu former ceux qui ne savaient pas faire, mais aujourd'hui ça se passe bien, nous avons 565 enseignants inscrits et plus de 700 espaces de cours ouverts sur Moodle.
Selon le secrétaire général de la FSE à Limoges (Fédération Syndicale Etudiante) Lucas Berthomier, les situations sont variables en fonction du département de l'Université mais aussi de l'enseignant. Certains profs utilisent les plateformes, d'autres envoient par mail les cours et les lectures à faire.
Le problème des cours en ligne est que de nombreux étudiants sont retournés chez leurs parents et ont parfois une très mauvaise connexion. Il y a beaucoup d'inquiétude, explique Lucas Berthomier de la FSE à Limoges qui a mis en place des permanences téléphoniques.
Confirmation avec Maylis, étudiante en première année de licence de lettres, qui vit confinée à Douchapt en Dordogne, 360 habitants : "Ici, y'a pas la fibre, explique-t-elle, la connexion marche un coup sur 2, j'avais une dissertation à rendre et j'ai dû attendre deux jours avant de pouvoir l'envoyer."
Heureusement les profs sont plus indulgents avec ceux qui n'ont pas un bon accès au web. Quand je peux, je vais sur mon mail ou sur moodle et sinon j'en profite pour travailler, lire, réviser...
"Globalement, je dirais que ça se passe plutôt bien, tempère Anthony Mourlhon Bonnet de la Fédération LEA qui regroupe plusieurs associations étudiantes. L'Université a fait ce qu'il faut, même si c'est plus compliqué de se concentrer sur des cours "en visio" car c'est moins attractif que d'avoir le prof en face de soi".
Aucune décision prise sur les examens à distance
En ce début avril, la question des examens en ligne se pose dans toutes les universités françaises : Pour beaucoup, ce choix serait un vrai casse-tête, comme le racontent nos confrères du journal Le Monde. Confirmation auprès d'Alain Célérier : "le Ministère travaille sur la possibilité de faire des examens à distance mais pour l'instant aucune décision n'a été prise à Limoges, car on se dit qu'en présentiel ce serait mieux. On va réunir dans les jours qui viennent le conseil d'administration pour en discuter".
C'est difficile d'avoir une vision, poursuit Alain Célérier, on voudrait finir l'année universitaire avant juillet-août pour ne pas pénaliser les étudiants qui ont des jobs d'été. La moins pire des solutions serait pour nous de décaler d'un mois : Normalement, la première session d'examens a lieu en mai, la deuxième en juin. L'idée serait de faire la première en juin et la deuxième fin août-début septembre, on étudie toutes les possibilités, à l'heure actuelle.
De son côté, Maylis ne s'inquiète pas outre-mesure : "ça ne sert à rien, dit-elle, et puis on a nous a fait comprendre que le programme de la période de confinement ne comptera pas pour les examens".
Les étudiants étrangers fragilisés
Dans les cités universitaires qui sont restées ouvertes, on trouve surtout des étudiants étrangers. Parmi eux, 90 Sénégalais regoupés au sein d'une association à laquelle appartient Ibnou Fall. "Depuis le 16 mars, dit-il, pas de souci pour les cours. En revanche, on n'a plus de resto U. L'épicerie solidaire fait bien des distributions de sandwiches ou de quelques produits frais mais pour ceux qui, comme moi, vivent en centre-ville, c'est compliqué d'y avoir accès. On manque aussi de produits d'hygiène, par exemple, donc on achète par nous-mêmes. Notre consulat va heureusement nous envoyer une aide de 300 euros. Pour le reste, on essaie de s'appeler et de se soutenir moralement, psychologiquement.
Etudier à distance : des pratiques à développer ?
En toute honnêteté, nous avons fait un énorme bond en avant sur ces pratiques, explique la vice-présidente Stéphanie Lhez. Nous avions un département entier de la fac de sciences qui faisait ça depuis longtemps (NDLR : technologies de l'information et de la communication) alors que d'autres ne savaient quasiment rien faire. Il y aura clairement un avant et un après confinement au niveau de l'Université.