Le CHU de Limoges, l’Université et Limoges Métropole ont lancé la semaine dernière une étude sur les eaux usées de l’agglomération. Le virus y est-il présent ? Et s’il l’est, est-il contagieux ?
L’étude lancée la semaine dernière par le CHU, l’Université de Limoges, l’INSERM et Limoges Métropole consiste à prélever les eaux usées afin de vérifier si le covid-19 y est présent. Et, si c’était le cas, de déterminer s’il présente ou non un risque de contagion.
L’idée est d’obtenir un référentiel et une connaissance sanitaire de la cité explique Christophe Dagot, chercheur (Université de Limoges - INSERM 1092 - ENSIL) :
L’originalité de cette étude réalisée à Limoges, c’est que les prélèvements sont faits non seulement en station d’épuration (entrée et sortie) mais également au niveau de points émetteurs spécifiques comme le CHU ou des EHPAD.
Nous recherchons dans les échantillons prélevés un signal du virus. Son ARN. Sachant que dans les eaux usées il serait très dilué. Nous passons donc par des étapes de concentration. Si le signal du virus est trouvé, il s’agira de savoir s’il est contagieux ou non.
Pour le moment, toutes les études réalisées, même à l’international n’ont révélé aucune preuve de contamination.
Ce sont les Pays-Bas qui sont les premiers à s’être lancés dans ce type d’étude en Europe. Les prélèvements ont été effectués sur sept stations d’épuration et sur le point émetteur d’un aéroport international.
Les chercheurs néerlandais ont trouvé l’ARN du virus dans les eaux usées, mais ce n’est pas pour cela qu’il est contagieux. Précise Christophe Dagot.
Une étude primordiale à Limoges
Le professeur Sophie Alain est virologue au CHU et à l'université de Limoges (UMR Inserm 1902), elle participe également à cette étude :
Pour qu’un virus soit contagieux il faut qu’il soit intact, « vivant ». Même si l’on trouve son ARN on n’aura pas la preuve qu’il est "vivant". Pour répondre à cette question nous devons le cultiver en laboratoire, c’est le test d'infectiosité.
D’autre part, il peut y avoir dans les eaux usées quelque chose qui inhibe le virus et le rend non contagieux. Nous réalisons donc en parallèle, pour chaque échantillon d’eaux usées que nous recevons, un test d’infectiosité et un test du pouvoir d’inhibition de l’échantillon sur un virus non pathogène qui sert de témoin.
A Limoges nous disposons d’un laboratoire de haute sécurité qui nous permet de développer ces procédures de recherche du virus dans les eaux usées.
De plus, si on le trouve dans les effluents, le virus sera caractérisé par analyse de la séquence de son génome, afin de le tracer et d’avoir in fine une meilleure connaissance sanitaire de la cité.
Les premiers résultats de l’étude devraient être disponibles d’ici deux semaines.
Ce projet et les procédures validées pourront ensuite appliquées à d’autres sites en France.