En avril dernier déjà, des traces du Covid-19 avaient été détectées dans les eaux usées de Poitiers. Cet indicateur est utile pour anticiper l'apparition de foyers de contamination. Plusieurs stations d'épuration de la Charente-Maritime aux Pyrénées-Atlantiques participent à l'expérience cet été.
Le Covid-19 détecté dans les eaux usées de Paris... L'information avait fait beaucoup de bruit dès avril dernier. Ce phénomène a aussi été documenté en Italie et en Espagne, confirmé aussi par de nombreux chercheurs, dont ceux de l'Université de Limoges : des traces du virus sont présentes dans nos selles avant même que nous ne déclarions de symptômes.
L’analyse des eaux usées pourrait donc devenir un outil de lutte contre l’épidémie, un outil de prévention pour les Agences Régionales de Santé, chargées de surveiller l'évolution du Covid-19.
C'est en lien avec celle de Nouvelle Aquitaine que le programme de surveillance de cet été sur la façade atlantique a été préparé.
Enjeu de tranquillité économique aussi
Pour avoir un coup d’avance sur le virus, la région espère financer le matériel adéquat, à hauteur de 200.000 Euros (achat de centrifugeuses pour les laboratoires).Nos populations littorales vont être décuplées avec la saison touristique, alors tout le monde est dans l’attente, la vigilance. Si les résultats sont concluants, on pourrait remonter la chaîne pour arriver au cluster. Il y a un décalage d’une semaine environ avant les symptômes.
Les stations d’épuration pisteurs de l’épidémie
En Charente-Maritime, la station d'épuration de Marennes fait déjà partie du programme Obépine, étude nationale d’analyse des eaux usées depuis quelques semaines. Les résultats des premiers prélèvements (en date du 10 juin) sont revenus négatifs au Covid-19 ce vendredi.Ce vendredi, a également été établie une première liste des stations d’épuration du littoral atlantique retenues pour ces analyses régulières, sous réserve d’accord avec les élus concernés. Vingt stations, réparties sur l'ensemble du littoral de la Charente-Maritime à la frontière espagnole, ont été identifiées par les agences de l’eau Adour Garonne et Loire Bretagne.Les laboratoires ne disent jamais zéro. La formule adéquate c'est : "les traces sont en dessous de la limite de détectabilité". Là, on ne cherche pas un gros polluant comme le plastique, on cherche des traces de virus, des morceaux d’ADN, donc c’est très rassurant. C’est un bon moyen d’anticiper la crise, d’éviter un nouveau confinement.
L'objectif étant de cibler les zones les plus peuplées, toutes les agglomérations littorales importantes sont concernées, donc La Rochelle, Royan, le Bassin d'Arcachon, Bayonne-Biarritz...
Les services du conseil régional nous précisent que le rythme des analyses reste à définir. L’ARS les voudrait les plus fréquentes possibles, mais le coût n’est pas neutre. Le minimum de deux par semaine a toutefois été validé.
Ce réseau d'expérimentation régionale se fait en synergie avec le programme Obépine. Les Néo-Aquitains "profitent" du protocole national établi par les chercheurs. En échange, ils s'engagent à leur transmettre toutes les données recueillies.
Déjà à Poitiers en avril dernier
En lien avec les Eaux de Paris et l’Université de Poitiers, des recherches du Covid-19 dans les eaux usées de Poitiers ont aussi été menées dès le mois d’avril, en parallèle des analyses parisiennes.Deux types de prélèvements ont été effectués. Une première mesure de l’eau entre les domiciles et la station d’épuration, et une seconde en sortie de station, avant rejet en milieu naturel.
Si l'expérience de surveillance de cet été fonctionne bien, le dispositif pourrait être étendu à d'autres secteurs géographiques à la rentrée.Dans l’eau usée, il y avait une présence mais en traces non quantifiables, en dessous des seuils. Et après épuration, plus rien, absence totale du virus dans l’eau remise dans le Clain. On était soucieux de protéger nos agents. Une des questions à ce moment-là, c’était aussi « est-ce qu’il y en a dans les rivières ? »