A Paris, des chercheurs traquent le coronavirus dans les eaux usées pour suivre l'évolution de l'épidémie

Des chercheurs de l'opérateur Eau de Paris ont réussi à corréler les traces laissées par les malades du Covid-19 dans les eaux usées et l'évolution de l'épidémie. Des données qui pourraient permettre d'anticiper une deuxième vague en Île-de-France.

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Les eaux usées de la région parisienne pourraient permettre une grande avancée dans l'étude du SARS-CoV2, le nom du virus qui provoque la maladie du Covid-19. Des chercheurs d'Eau de Paris, l'opérateur public qui distribue les Parisiens en eau potable, ont eu l'idée de chercher des traces du SARS-CoV2 dans les eaux usées. Pourquoi ? Car les malades du Covid-19 rejettent une partie du virus dans leurs selles.

"L'idée était de regarder à quel état de l'épidémie on en était. On a vu une augmentation de traces en même temps que le nombre de cas augmentait. Ce qui nous a paru dès le début intéressant", explique Laurent Moulin, responsable Recherche & Développement à Eau de Paris et co-auteur de l'étude.

Rejoints par la suite par trois équipes de Sorbonne Université et de l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA), ils analysent ainsi cinq sites de traitements des eaux usées (gérées essentiellement par le SIAAP en Île-de-France).

 

Premiers résultats très encourageants

Les premiers prélèvements, effectués dès le 5 mars, montrent très rapidement l'apparition de l'épidémie. Alors qu'à cette date, encore très peu de patients ont été diagnostiqués malades du Covid-19, les résultats montrent une hausse significative de traces du SARS-CoV2.

"La méthode était donc sensible et il y avait probablement déjà beaucoup de gens asymptomatiques qui éliminaient du virus", détaille le chercheur.

Cette idée de recherche de traces dans les eaux usées n'est pas nouvelle pour cette équipe de chercheurs. En 2015, une précédente étude avait par exemple permis de trouver une corrélation entre les traces de neurovirus dans ces eaux et le nombre de cas de gastro-entérite.  

Création d'un indicateur

Dans le cas du Covid-19, les prélèvements quotidiens ont ensuite montré qu'une semaine après la mise en place du confinement, il y avait une diminution des traces du virus. Ces résultats ont permis à l'étude de prendre de l'ampleur avec l'association de scientifiques d'autres villes comme Nancy ou Clermont-Ferrand.

"Nous avons présenté nos travaux à différents appels à projet sur le suivi du Covid-19. Nous essayons de monter un réseau de suivi national et nous sommes en cours de discussion pour qu'il y ait un observatoire. L'idée est de passer d'un stade de recherche à un indicateur pour aider les autorités", espère ainsi Laurent Moulin.

Cet indicateur aurait l'avantage d'apporter "une vision globale et de donner une allure de l'épidémie", poursuit-il. Et surtout, il pourrait permettre d'anticiper une deuxième vague tant redoutée dans la région.
 
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