Encore sous le choc après la dévastation de leur île d'origine par le cyclone Chido, les membres de la communauté mahoraise en Limousin se mobilisent. Ensemble, ils tentent d'avoir des nouvelles de leur proche à Mayotte, et s'organisent pour collecter et acheminer denrées et matériel sur place.
Une course contre-la-montre est engagée à Mayotte pour retrouver des survivants, après le passage du cyclone Chido. Le bilan pourrait s'élever à plusieurs centaines, voire milliers de morts.
Malgré la sidération et l'effroi suscités par les images qui leur parviennent, les ressortissants de la communauté mahoraise en Limousin (3 à 4000 personnes), se rassemblent et se mobilisent.
"La totalité de l'habitat précaire est détruite sur l'île, l'aéroport n'a plus de balisage", s'alarme Camaridine Mistoihi, qui œuvre pour plusieurs associations mahoraises.
Avec les membres de sa communauté, il envisage d'envoyer de l'aide sur place, mais la fermeture de l'aéroport rend l'organisation difficile. "C’est du matériel qu'on doit collecter, et qu'on doit ensuite acheminer vers Mayotte pour que ça aille à destination des personnes concernées directement", explique-t-il.
La folle inquiétude
Ils sont vraiment stressés, certains m'appellent en pleurs.
Mariamou Manette BacarMédiatrice en charge du soutien des étudiants mahorais de Limoges
Dans leur petit studio, Ali et Zabibou, étudiants à Limoges, ne lâchent pas leur téléphone, à l'affût de la moindre nouvelle. "Je n'ai pas réussi à joindre mon père. Je ne sais pas si vous imaginez, c'est très frustrant", se désole Ali. "J'ai dû dormir deux ou trois heures, pas plus, je suis très fatiguée. Quand je dors, je revois les images qui tournent et ...", soupire Zabibou qui n'arrive pas à finir sa phrase.
"Ils sont vraiment stressés, certains m'appellent en pleurs, j'essaye de les calmer, je fais ce que je peux, mais je sais bien que dans une situation comme celle-là, les mots ne suffisent pas" s'inquiète Mariamou Manette Bacar, médiatrice au Conseil départemental de Mayotte, chargée de soutenir les étudiants mahorais installés à Limoges.
Dans le quartier du Val de L'Aurence, les femmes de la communauté mahoraise se sont réunies spontanément. La plupart n'ont aucunes nouvelles de leur famille. Sur l'île, le réseau téléphonique, comme l'eau potable et l'électricité, est coupé. Alors chacune se raccroche aux réseaux sociaux. "Il y a ma fille, ma mère aussi, et quand je vois les images, je ne suis pas bien du tout", s'inquiète Zahra Mohamed Abdallah.
"La priorité pour nous, c'est avoir des nouvelles de nos familles, ne serait-ce qu'entendre leur voix nous dire, ne vous inquiétez pas, on va bien. Et pour le moment, il n'y a rien", poursuit Salima Aboudou
présidente de l'association Mahaba Mema Nourou Ndjema de Limoges.
Pour se donner du courage, et garder espoir pour leurs proches, elles entonnent ensemble un chant traditionnel mahorais.
Malgré sa détresse, cette communauté mahoraise est bien décidée à s'organiser pour venir en aide le plus rapidement possible à son île dévastée.
De leur côté, les pompiers de l'urgence internationale ont offert leurs services, et attendent l'autorisation du ministère de l'Intérieur pour intervenir.
Avec Cécile Descubes