Désertification médicale : que faire si on n’a pas de médecin traitant ?

De nombreux médecins généralistes prennent leur retraite sans avoir trouvé de successeur. Pourtant, la colonne vertébrale du parcours de soins reste le médecin traitant. À qui s’adresser si on ne trouve plus de docteur ?

Urgences surchargées, grève des médecins libéraux, pénurie de médicaments, nouvelles épidémies… En ce début d’année, le monde de la santé fait face à de nombreuses crises, souvent peu lisibles pour des patients qui ne trouvent parfois plus de médecin généraliste à qui s’adresser. Pourtant, le médecin traitant reste le pilier des parcours de soins en France. Dans un contexte de désertification médicale, l’assurance-maladie tente d’aider à en trouver, sans pouvoir réaliser de miracles.

Le médecin traitant, qu’est-ce que c’est ?

Le médecin traitant est le médecin qui suit ses patients tout au long de la vie, dans tout son parcours de santé. Chaque patient doit choisir le sien.

Il y a d’abord un avantage pour la santé des patients. Le médecin traitant intervient évidemment en cas de besoin, de maladie ponctuelle. Mais pas seulement : il oriente aussi dans le parcours de soins et il peut mettre en relation ses patients avec d'autres médecins spécialistes. Il centralise les informations, il tient à jour le dossier médical, il gère la prévention, comme la vaccination, et les examens à réaliser régulièrement, comme les dépistages.

L’avantage est aussi financier, car ce suivi est clairement encouragé par l’assurance-maladie. La consultation chez le médecin traitant est remboursée à 70 %, contre seulement 30 % chez un autre médecin. En passant d’abord par le médecin traitant, on est aussi mieux remboursé en allant voir ensuite un spécialiste.

Il y a tout de même des exceptions : le remboursement reste à 70 % si le médecin traitant est absent ou si on consulte en urgence loin de chez soi. Et certains spécialistes sont accessibles directement.

Toutes les précisions sont disponibles en ligne sur le site de l’assurance-maladie, améli.fr

Comment faire si on ne trouve pas de médecin traitant ?

Si son médecin part à la retraite sans être remplacé ou si on emménage dans un secteur où les médecins sont déjà surchargés, il faut se tourner vers l’assurance-maladie, et son site internet.

A l’occasion de cette chronique, on se rend compte que la rubrique "difficulté à trouver un médecin traitant" ne permet pas d’aboutir… Mais le problème a été pris en compte par la CPAM et une cartographie est en cours de réalisation, avec bientôt un listing de contacts locaux. 

En attendant, il faut écrire à un médiateur : il y en a dans tous les départements. On trouve leur contact dans deux rubriques du site internet de l'assurance-maladie, et on accède à un formulaire imprimable pour déclarer qu’on n’a pas trouvé de médecin traitant.

Cette démarche permet au moins de ne pas être pénalisé financièrement, et le remboursement est optimal même sans médecin traitant.

Le médiateur peut aussi aider les assurés à chercher un médecin. Céline Toulouse, médiatrice à la CPAM de Corrèze, nous explique qu’elle agit au cas par cas : "Cela dépend du lieu d’habitation et de la situation". Mais elle ne peut pas obliger des médecins à accepter de nouveaux patients : "Le problème de désertification est récurrent, on n’a pas de baguette magique."

Est-ce que cela concerne beaucoup de patients ?

D'après l'assurance-maladie, en 2020, 5,4 millions de Français n'avaient pas de médecin traitant. La moitié d'entre eux sont des patients plutôt jeunes et bien portants, et l'autre moitié sont des patients en recherche réelle, qui ont par exemple vu leur docteur partir à la retraite.

Cette tendance se confirme dans la région : en Haute-Vienne, selon la CPAM, 6,8 % des assurés ont un médecin traitant en fin d’activité, et 4,5 % n’ont pas du tout de médecin traitant.

Selon l’ordre des médecins, le Limousin a perdu 157 médecins généralistes entre 2011 et 2021. Cette fonte ne va pas s’arrêter tout de suite : la Dress prévoit une stagnation jusqu’en 2030. Le ministre de la Santé doit annoncer en janvier des mesures pour réformer le système de santé français. Il a du pain sur la planche...

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