Les halles de Limoges ont rouvert timidement leurs portes ce dimanche 24 mai. Les clients présents semblaient heureux de retrouver leurs habitudes. Récit.
 

L’entrée aux Halles est fléchée. Il faut passer par l’entrée Nord, rue Limosin, pour ressortir place de la Motte. Ici, déconfinement ne rime pas avec désordre.

 

"Je vous reconnais, vous !"


Il est 8h30 quand les premiers clients arrivent. A la porte, un jeune homme masqué, veste marron, coche dans un cahier à grands carreaux. Il adresse un bonjour aimable aux clients eux aussi masqués. Ces clients s’enduisent les mains de solution hydroalcoolique. Certains passent leur chemin, font des économies de mots, et d’autres font la conversation.

"Je vous reconnais, vous !", lance Françoise au jeune homme qui tient le décompte, "mais vous ne me reconnaissez pas". Des rires, et des bonjours encore, car c’est marché et les clients sont de sortie.

Nous sommes le premier dimanche de marché après le déconfinement, il faut faire ses emplettes.
A chaque entrée sont postés des jeunes hommes avec des talkies. Il faut un peu d’ordre, parce qu’il ne faut pas baisser la vigilance.
 
 

"Les Halles ne sont plus les Halles"


Dedans, ce n’est pas la foule des grands jours.

"Les Halles ne sont plus les Halles", regrette Georgette qui semble danser sur ses jambes. Elle se rend chez Sophean, sa maraîchère. C’est d’ailleurs là que la foule abonde. La foule, c’est 5 personnes qui font la queue.

Devant Georgette, il y a Max qui lâche que "ça doit être une obligation de venir au marché". Déformation professionnelle ? Goût des produits frais ? Max a été restaurateur plusieurs années, les Halles ont été sa deuxième maison, son garde manger. Dans son sac ? "Poissons, viande, des incontournables", s’excuse-t-il en s’éloignant. La cuisine n’attend pas.
 
 

"On espère voir le bout du tunnel"


En face de la maraîchère, Frédéric secoue la tête en guise de bonjour. Il tient une épicerie fine. Les produits disposés derrière des vitres bien nettoyées font envie. Il s’approche, tend l’oreille. On ne s’entend pas avec la bouche entravée. A la question de savoir s’il est content d’être là, s’il est confiant pour les affaires : "On n’a pas été réduit à zéro", lâche-t-il en levant les bras. "Les clients sont là, ils reviennent, c’est le meilleur encouragement que nous puissions espérer. Moi, je suis aux Halles depuis 1993, j’ai jamais connu ça. On espère voir le bout du tunnel."

Un peu plus loin sur la gauche, une file indienne s’étend autour de l’étal du poissonnier. Maria peine à se faire entendre, alors elle tend un doigt vif devant la poêlée de poissons. "On avait hâte de revenir", lance-t-elle dans un français coloré. Son cabas a l’air de peser lourd, alors elle le pose, pour retrouver sa carte bleue. Elle dégage une mèche, avant d’égrainer sa commande. Elle est une habituée, elle est d’origine espagnole. Elle vient s’approvisionner aux Halles depuis 6 ans, et ce premier dimanche, elle se "devait d’être là". Son cabillaud et ses sardines dans le sac, et elle disparaît en direction du fromager.



"C’est une drôle d’époque" 


Sur place, Nadine répond entre deux commandes : aujourd’hui, c’est très timide. Un dimanche pas très favorable. Peut-être que les gens ont été surpris que ça ouvre aujourd’hui. Manque de chance, ça tombe le week-end de l’ascension. Les gens sont partis se promener. Et puis les gens achètent plutôt le fromage le vendredi ou le samedi pas le dimanche, peste Nadine, même si cinq clients viennent de défiler devant son stand en à peine dix minutes.

Chez le boulanger pile en face du fromager, Virginie est venue avec ses deux filles, Lola et Orlane. "C’est un peu cher", regrette cette dernière qui vient de Feytiat exprès, parce qu’elle "aime les marchés". Derrière la famille, Michèle trépigne. Elle est venue acheter sa viande, mais "mon boucher est pas là. C’est une drôle d’époque. Je viens ici depuis plus 40 ans, les Halles sont un peu triste, il y a très peu d’offre. J’aimais mieux quand il y avait plus de vie", murmure-t-elle avant de prendre congé.

Au stand des produits bio, Stéphane est venu avec madame. Il tenait à être là ce dimanche, comme à son habitude. "On vient souvent avec les copains passionnés de sport. On s’organise des soirées et on vient chercher du bon produit. Bio de préférence. Mais quand on voit les prix, c’est un crève cœur. Ce qui me chagrine, c’est que ça pourrait m’inciter à changer mes habitudes", conclut-il en s’en allant chargé.


Stéphane fait partie des 417 personnes qui ont défilé aux Halles centrales de Limoges, en ce premier dimanche post-confinement. Un chiffre en baisse, regrettent l’ensemble des commerçants, qui se disent optimistes.

Dehors, le soleil est luisant sur la place de la Motte.


 
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