Comment les Limousins célébraient-ils Noël il y a soixante ans ? De précieuses archives de l'INA nous offrent un aperçu du quotidien d'antan, une histoire marquée par la veillée, la messe et les chants traditionnels.
Le feu crépite dans la cheminée. Les anciens entonnent quelques chants traditionnels que les enfants écoutent attentivement. La table est dressée, frugale, avant que les cloches ne résonnent au loin, annonçant la messe de minuit. Le village se réunit à l'église, célébrant la naissance de l’enfant Jésus et le solstice d’hiver. Les images en noir et blanc de l'INA, qui nous plongent dans le Noël des années 1960, nous montrent un Limousin et une France rurale encore jalonnés de rites, d'une douceur raide.
L'atmosphère hiératique d'autrefois tranche avec la frénésie d'aujourd'hui. L'historien Philippe Grandcoing explique cette différence par une disparition progressive de la religiosité : "Aujourd'hui, c'est complètement différent. Beaucoup moins de personnes vont à la messe (...) Et puis, Noël est devenu un moment de regroupement familial. C'est la grande différence avec le XIXe et le XXe siècle : les familles sont beaucoup plus dispersées dans l'espace, donc c'est un moyen de se retrouver."
Noël s'est beaucoup recentré sur le cadeau. C'est la fête des enfants.
Philippe Grandcoing, historien.
Au jeu des comparaisons, l'autre différence évidente réside dans la profusion actuelle, marquée par l'abondance de présents et de décorations. Philippe Grandcoing raconte : "Le père Noël est une invention du début du XXe siècle, qui s'appuie sur la publicité, la commercialisation de produits. C'est aussi une caractéristique : Noël s'est beaucoup recentré sur le cadeau. C'est la fête des enfants."
Les Trente Glorieuses voient apparaître le sapin dans les foyers limousins et français. Son achat se généralise. Il devient un marché. Il est vendu sur les places publiques. Auparavant, "la tradition, c'était plutôt la bûche de Noël, cette grande bûche que l'on mettait dans l'âtre et qui se consumait pendant toute la veillée."
Une identité régionale moins présente
Aujourd’hui, en Limousin comme ailleurs, les cabanes en bois du marché de Noël rassemblent davantage que les églises. Place de la République, à Limoges, artisans et commerçants vendent des saucisses d’Alsace, du vin chaud de Savoie et du saumon de Finlande. "Il n'y a aucune identité régionale, ici, autour de Noël. Le sapin, les chalets, rien n'a d'ancrage localement. Ce qui est intéressant, c'est que l'on valorise les produits d'autres régions parce que davantage associées à l'esprit de Noël. Notamment l'Alsace", analyse Philippe Grandcoing.
Comme dernière trace du Noël limousin d'autrefois, peut-être reste-t-il, tout de même, un bon cornet de châtaignes grillées !