À compter de ce mercredi 2 février, il n’y a plus de jauges dans les établissements accueillant du public assis, le port du masque n’est plus obligatoire en extérieur, et le télétravail n'est plus imposé. Pourtant, dans la région, la situation sanitaire reste préoccupante.
Le Premier ministre Jean Castex avait détaillé le calendrier de levée des mesures sanitaires lors d’une conférence de presse le jeudi 20 janvier 2022.
Au 2 février :
- Levée des jauges dans les établissements accueillant du public assis (stades, salles de concerts, théâtres…). Pour accéder à ces lieux, le port du masque reste obligatoire.
- En entreprise, le télétravail n'est plus obligatoire, mais il reste recommandé.
- Fin de l'obligation du port du masque en extérieur.
Un nouvel allègement est prévu le 16 février :
- Les discothèques, fermées depuis le 10 décembre, peuvent rouvrir dans le respect du protocole sanitaire.
- Les concerts debout peuvent reprendre dans le respect du protocole sanitaire.
- La consommation est à nouveau possible dans les stades, cinémas et transports, de même que la consommation debout dans les bars.
Une situation sanitaire toujours tendue
La situation épidémique justifie-t-elle cet assouplissement ? Impossible de répondre avec précision : il n’y avait pas de seuil fixé pour mettre en place ces mesures, ni de seuil pour les lever.
Au niveau national, les contaminations baissent, mais restent à un niveau élevé. En Haute-Vienne, la situation est toujours très tendue : le taux d’incidence a grimpé en flèche pour s’établir au 1er février à plus de 4 000 cas pour 100 000 habitants sur une semaine, et les hospitalisations sont toujours en hausse (93 personnes au 1er février).
En Corrèze, la situation est difficile notamment à l’hôpital de Brive où les soignants sont actuellement très mobilisés. Michel Da Cunha, directeur adjoint du centre hospitalier de Brive, témoigne : "On a 52 patients qui sont hospitalisés pour une forme grave de Covid. Notre problème, c’est qu’on cumule une grosse activité aux urgences, un absentéisme au niveau du personnel qui est aussi touché par l’épidémie, et en même temps on est arrivé au bout de la déprogrammation de la chirurgie. On n’ira pas plus loin." Il lance un appel à la population : "Ce qu’on demande, c’est d’utiliser les urgences que pour des raisons importantes. Le personnel s’engage au maximum, mais il faut que tout le monde joue le jeu."
Un pari ?
Ce mercredi, l’épidémiologiste de l’Université de Limoges Pierre-Marie Preux s’étonne de l’allègement des mesures et parle d’un pari très risqué : "On ne sait pas si on va sur un plateau haut ou si ça va descendre. Les hospitalisations en réanimation diminuent, mais sur les hospitalisations conventionnelles, on arrive au record des vagues précédentes." Pour cet observateur privilégié, l’épidémie est loin d’être derrière nous : "Ce qui me choque, c’est que tous les jours, on a 300 décès dans l’indifférence totale. L’équivalent d’un avion qui s’écrase. Et il y a les Pims (Pediatric Inflammatory Multisystem Syndrome ou syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique en français ndlr) qui augmentent clairement. On soumet nos enfants à ce virus dont on ne connaît pas les conséquences à long terme."
Ne pas baisser la garde
Un assouplissement du protocole sanitaire à l'école est maintenant à l'étude. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal reconnaît cependant sur France Info que "l'inversion de la tendance" des contaminations "est encore fragile", "qu'on reste à des niveaux très élevés" de circulation du Covid-19 et qu'"on sait qu'il y a des questions posées sur le sous-variant BA.2, qui est aussi très contagieux".
L’assouplissement des mesures sanitaires arrive donc dans un contexte encore tendu, et même à l’échelle nationale, l’épidémiologiste Antoine Flahault invite à la prudence dans une interview au journal Libération : "le vent d’optimisme qui souffle un peu rapidement en Europe risque d’inviter la population à baisser trop rapidement la garde et à renoncer aux gestes barrières, à la distanciation sociale qui la protégeaient contre la transmission du coronavirus. Cela pourrait retarder la décrue épidémique, voire relancer les transmissions et son cortège d’hospitalisations et de décès."