Le Premier ministre Jean Casteix a annoncé de lundi 6 décembre que les plus de 65 ans pouvaient désormais se faire vacciner sans rendez-vous. Mais dans les centres de vaccination, les pharmacies ou chez les généralistes, la mise en œuvre de cette nouveauté semble très difficile.
Au centre de vaccination de Limoges, pas de vaccination sans rendez-vous aujourd’hui. Les 4 lignes de vaccination ouvertes sont déjà complètes. La création d’une cinquième ligne dédiée est à l’étude, mais sa mise en place prendra du temps, et le nombre de doses commandées à ce jour risque d’être insuffisant.
Pas en capacité de répondre
Bernard Bertin, directeur de la santé à la ville de Limoges, explique : "Tous les rendez-vous ont été pris d’assaut suite à la précédente extension d’éligibilité au vaccin, puisque ça a été étendu d’un coup aux 18 ans et plus, et en même temps, on a réduit le délai entre la deuxième injection et la dose de rappel. On est obligés d’expliquer aux personnes qu’on n’est pas en capacité de répondre à la demande"
Bookés
Même constat à Saint-Junien dans la pharmacie de Brigitte Chassin, secrétaire générale de l’Union régionale des professionnels de santé pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine : "Je pense que ça ne va pas pouvoir se passer en officine. On a déjà nos plages de rendez-vous bookées jusqu’à fin janvier, depuis l’annonce de l’ouverture de la troisième dose à tous les patients de plus de 18 ans (…). Le nerf de la guerre, c’est la logistique et l’approvisionnement en vaccins qu’on ne maîtrise pas. Moi, je n’ai pas eu de livraison la semaine dernière."
"C’est dommageable pour les plus vulnérables"
Le grand regret pour ces acteurs majeurs de la vaccination, c’est une absence d’anticipation de la part du gouvernement. Bernard Bertin détaille : "On savait, au moment de l’ouverture aux 18 ans et plus, que la part des 65 ans et plus qui avaient sollicité leur dose de rappel n’était pas suffisante. Il aurait fallu peut-être à ce moment-là ouvrir du "sans rendez-vous" en disant qu’on se limitait à cette tranche d’âge, voire d’ouvrir aux 50 ans et plus. Mais à partir du moment où on ouvre à toute la population, on ne peut qu’encombrer les centres de vaccination (…). C’est dommageable pour les plus vulnérables."
"Est-ce qu’on peut suivre ?"
Même sentiment chez Brigitte Chassin : "On a l’impression qu’il y a beaucoup d’annonces qui sont faites sans mesurer vraiment les tenants et les aboutissants de ce que ça suppose. Il y a 15 jours, notre président de la République a voulu ouvrir la troisième dose à tous les plus de 18 ans, et à 5 mois de la deuxième injection. Pour lutter contre l’épidémie, c’est formidable, mais est-ce qu’on peut suivre ?"
"Un stress quotidien"
Mais Bernard Bertin et ses équipes ont eu le temps de s’habituer à ces décisions inattendues : "Ce n’est pas la première fois qu’on est contraints de cette façon. Ça démontre notre capacité d’adaptation, et on va s’adapter à nouveau."
Du côté de la pharmacie de Brigitte Chassin, on sent tout de même que la tension monte sérieusement : "On a un cœur de métier qui n’est pas de répondre au téléphone, de vacciner, d’annuler et de remplacer des rendez-vous, de faire des tests au bon vouloir de tout le monde. On est sous l’eau depuis de longs mois (...). C’est un stress quotidien, et qui dure."