Le département de la Haute-Vienne et les associations de protection sont à la recherche de plusieurs dizaines d'assistants familiaux, ces particuliers payés pour accueillir sous leur toit des enfants placés par la justice. Une pénurie de volontaires qui risque de s'aggraver.
"Et qu'est-ce qu'il va faire le loup ?". Laetitia Leroy fait la lecture à l'une de ses petites pensionnaires. Sous son toit, ils sont trois, âgés de trois ans, deux ans et dix mois. Tous ont été placés ici par la justice à la suite de dysfonctionnements familiaux.Pour ces enfants, la jeune femme s'appelle "Tata Laetitia". Il y a quatre ans, elle a choisi d'embrasser le métier d'assistante familiale, une véritable vocation : "Ma maman était famille d'accueil, explique-t-elle. On avait trois enfants avec nous."Après avoir élevé ses propres enfants, désormais âgés de 20 à 24 ans, cette mère de famille réalise qu'elle a "encore beaucoup à donner" : "J'avais besoin de faire quelque chose d'utile", raconte-elle.
Laetitia Leroy est salariée et peut s'occuper de trois enfants maximum. Elle touche pour chacun le smic, 1 100 Euros net mais également une prime d'entretien de 14 Euros par jour et par enfant.
"C'est un vrai métier"
Mais elle n'est pas seule pour accomplir cette mission. Un éducateur spécialisé accompagne l'assistante familiale et s'assure que la mission, confiée par le juge des enfants, soit respectée."Je maintiens le cap et je suis un petit peu dans l'articulation avec la famille naturelle", résume Narcisse Fernandes, de l'Association Limousine Sauvegarde de l'Enfance à l'Adulte (ALSEA).
Cette structure veille sur 130 enfants placés. Il manque huit assistants familiaux à cause des départs à la retraite pour une profession encore bien méconnue : "On a toujours l'image de la nounou qui gardait des enfants, alors qu'aujourd'hui c'est un vrai métier", commente Isabelle Cubizolle, directrice du service placement de l'ALSEA.
L'Aide sociale à l'enfance de Haute-Vienne est elle aussi à la recherche d'une vingtaine de familles pour des enfants qui lui ont été confiés.
Prise en charge des enfants maltraités : l’État passe contrat avec trente départements
Trente départements, parmi lesquels la Creuse, vont bénéficier, en 2020, d’un soutien financier en faveur de la protection de l’enfance. Ces collectivités ont été choisies pour leurs projets innovants en matière de prévention, de détection ou de prise en charge des enfants maltraités.Les départements sélectionnés devront conclure avec l’État, d’ici à juin 2020, un contrat avec des projets et des priorités en matière de prévention et de protection de l’enfance, a détaillé ce lundi 3 février Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance.
Ce plan s'inscrit dans une tentative de reprendre la main sur sujet devenu explosif. En l'espace d'un an, deux documentaires ont mis en lumière les travers de l'aide sociale à l'enfance. Des films chocs, qui ont donné lieu à l'ouverture d'enquête judiciaires et parlementaires.