Au lendemain de la mobilisation du 23 mars, une trentaine de personnes s’est réunie ce vendredi matin devant l’Hôtel de Police de Limoges en marque de soutien aux manifestants interpellés. 19 personnes avaient été arrêtées jeudi en fin de journée et début de soirée.
« Tant que je ne l’aurai pas vu, je ne bougerai pas. » La mère de Tanguy, l’un des jeunes interpellés jeudi 23 mars aux alentours de 18h aux Casseaux, est résolue à ne pas quitter le perron du commissariat. Son fils et 18 autres personnes ont été arrêtés en marge des manifestations contre la réforme des retraites (5 aux Casseaux, et 14 plus tard dans la soirée, place Haute-Vienne)
Le père du jeune homme, également présent devant le commissariat, précise que son fils a demandé à voir un médecin et un avocat.
« La vidéo de son arrestation, qui circule sur les réseaux sociaux, parle d’elle-même quant à la violence de son interpellation et sa passivité. »
Bernard, père de l'un des interpellés
Plus que de la colère, l’homme ressent une forte détermination au lendemain de l’interpellation de son fils : « Ce sont des méthodes d’intimidation, mais cela ne nous intimide pas. On continuera à rester debout et à mener la lutte qu’on doit mener contre cette réforme. »
Floryane Dauriac, responsable locale du Parti Communiste, également présente à l’Hôtel de Police, était présente au moment des premières interpellations aux Casseaux. Elle raconte : « On s’est fait gazer en boucle toutes les 10 minutes et à 18 heures, les CRS ont commencé à nous charger pour nous disperser. »
La police, de son côté, évoquait jeudi soir, des jets de projectiles de la part des manifestants qui voulaient bloquer l'autoroute A20 (caillassages et jets de boulons selon la préfecture). Ces projectiles auraient été envoyés en direction des forces de l'ordre qui confirmaient avoir répliqué par l'utilisation de gaz lacrymogène.
La militante communiste s’était déjà rendue au commissariat jeudi soir vers minuit avec les députés Manon Meunier et Damien Maudet, selon les manifestants présents. Ils étaient venus observer les conditions de détentions des personnes arrêtées comme le permet l’article 719 du code de procédure pénale. C’est à ce moment-là que les personnes mineures ont été libérées avant d’être convoquées ultérieurement.
Certains représentants syndicaux, venus également en soutien aux gardés à vue, ne cachaient pas leur inquiétude.
« Nous, ce qu’on constate, c’est des violences sur la jeunesse, et cette colère, elle est légitime. On est vraiment inquiets, on parle de jeunes, militants ou pas, qui participaient simplement à une manifestation. »
Fleur Bidon, responsable Snuipp - FSU 87
Au sujet des heurts survenus aux Casseaux, la préfète a condamné des actions violentes dans un communiqué : « Compte tenu de ces attroupements non autorisés à proximité de la bretelle d’accès de l’A20 et du trouble à l’ordre public occasionné notamment par des caillassages et des jets de boulons à leur égard, les forces de l’ordre ont fait usage de la force de manière proportionnée à plusieurs reprises. »
À l’issue de leur garde à vue, certains vont être convoqués devant la justice, d’autres seront présentés au Procureur de la République.
Des personnes venues soutenir les manifestants arrêtés étaient toujours présentes à l'entrée du commissariat de Limoges ce vendredi en fin d'après-midi.