Islande. "Cette nouvelle éruption, c'était un feu de paille. Pour le moment c'est fini, mais jusqu'à quand ?" s'interroge ce volcanologue de Limoges

La lave a surgi et s'est déversée le long d'une fissure de trois kilomètres pendant toute la journée de ce 8 février, avant de se tarir dans la nuit. Une nouvelle éruption volcanique spectaculaire dans cette région d'Islande où l'activité sismique est permanente depuis trois mois. À Limoges, un volcanologue émérite suit ces évènements de très près, et nous explique ce phénomène.

"Comme on pouvait s’y attendre, une nouvelle éruption a débuté le 8 février 2024 sur la péninsule de Reykjanes. À 5h30 heure locale, une intense activité sismique a été enregistrée au niveau de la ligne de cratères de Sundahnúk, au nord-est du mont Sýlingarfell ". Depuis Limoges le volcanologue Claude Grandpey continue à suivre de très près la reprise de l'activité sismique et volcanique qui agite la péninsule islandaise de Reykjanes depuis le mois de novembre.

Cette nouvelle éruption, il se doutait qu'elle allait intervenir. Il nous l'avait dit le 27 janvier dernier, alors qu'il nous commentait la reprise d'activité de ces volcans en sommeil depuis huit siècles.

Depuis le mois de novembre 2023, l'activité sismique est quasi permanente. La terre ne cesse de trembler, ouvrant d'impressionnantes fractures dans la croûte terrestre, d'où le magma peut jaillir à tout moment. "Où va sortir la lave, on ne le sait pas" précise Claude Grandpey.

Un feu de paille

Cette fois c'est à trois kilomètres au nord de Grindavik que la terre s'est ouverte, et que la lave a jailli. Une éruption qui aura duré moins de 24 heures. "Cette nouvelle éruption, c'est un feu de paille, commente Claude Grandpey. La fissure éruptive mesurait environ 3 km de long et les fontaines de lave avaient une hauteur de 50-80 mètres. Le débit semblait légèrement inférieur à celui de l’éruption de décembre. L’activité éruptive a décliné pendant la journée du 8 février. En fin de soirée, elle semblait quasiment terminée.

Grindavik épargnée

Cette fois les habitants de Grindavik ont été épargnés. La lave s'est écoulée dans la nature, et les dégâts sont mesurés : des routes ont été coupées par la fissure, et une conduite d'eau desservant les circuits géothermiques a été endommagée, privant certaines localités de chauffage pendant quelques heures.

Mais les 3 800 habitants du petit port de pêche de Grindavik ont pu rester chez eux. Depuis la reprise de l'activité volcanique dans cette péninsule située à 30 kilomètres de la capitale islandaise Reyjkjavic, la petite ville a dû être évacuée trois fois. "Le 14 janvier, trois maisons de Grindavik ont été détruites par la coulée de lave et tout le monde a dû partir. La ville était interdite d'accès", rappelle Claude Grandpey. 

De nouvelles éruptions à venir ?

L'Islande est une terre de volcans, 130 y sont recensés, dont une trentaine d'actifs. Ceux qui se manifestent actuellement étaient en sommeil depuis 800 ans. Les premières éruptions ont été observées dès 2021.

Depuis le mois de novembre 2023, l'activité sismique y est quasi permanente. "Le sol va-t-il continuer à se soulever ? Cela signifierait que du magma continue à s'accumuler en profondeur, et qu'il va rejaillir. On peut aussi rester 10 ans sans qu'il ne se passe rien. Pour le moment c'est fini, mais jusqu'à quand?" s'interroge le volcanologue passionné. Ce qu'il redoute, c'est que la lave jaillisse et fasse de nouveaux dégâts dans le petit port de Grindavik.

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