A quelques jours d'un procès qui doit s'ouvrir devant le tribunal correctionnel de Châteauroux, l'association Innocence en danger lance un appel à témoins pour retrouver les victimes d'un réseau illégal de familles d'accueil, dont certaines sont domiciliées en Limousin, accusé de graves maltraitances.
Dix-neuf prévenus, une vingtaine de victimes déclarées. Parmi elles, Mathias, 22 ans aujourd'hui, a séjourné dans des familles d'accueil ne disposant pas d'agrément entre 2010 et 2017, envoyé par l'ASE du Nord, département dont il est originaire. Dans un podcast disponible depuis vendredi 27 septembre sur le site de Radio France, le jeune homme raconte son calvaire : "Ils ont ouvert une bouteille de whisky et l'ont sifflée à deux. Ils ont commencé à être violents envers moi, à me rabaisser. Ils mettaient leurs doigts sous ma gorge pour tenter de me soulever. (...) L'un d'eux a baissé son pantalon et m'a pissé dessus."
Au fil des investigations, une vingtaine d'enfants déclare avoir subi des violences en tout genre. Le plus souvent de la part des deux hommes qui ont mis en place un réseau illicite de familles d'accueil. L'une d'elles est domiciliée à Azérables, au nord de la Creuse. Derrière de grandes haies, une habitation aux volets clos se dessine.
C'est là que Mathias aurait été violemment agressé en 2017. Transporté au CHU de Limoges, il restera dans le coma pendant une semaine. À son réveil, il raconte aux soignants les violences subies depuis des années dans ces familles, entraînant le début de la procédure judiciaire.
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"Absence des victimes sur le banc des parties civiles"
"Ces jeunes adultes, qui étaient mineurs au moment des faits, ont vécu ce que Mathias appelle très justement un cauchemar, pendant des années", rapporte Homayra Seillier, fondatrice et présidente de l'association Innocence en danger, qui lutte pour la protection de l'enfance et qui s'est portée partie civile dans le procès à venir.
Les dix-neuf prévenus seront jugés du 14 au 18 octobre devant le tribunal correctionnel de Châteauroux. La famille d'accueil creusoise y est poursuivie pour travail forcé sur mineurs et violences. Mathias sera partie civile, mais il est l'un des seuls parmi la vingtaine de victimes identifiées.
"Devant un dossier d’une telle ampleur et d’une telle gravité, Innocence en Danger s’étonne de la quasi-absence des victimes sur le banc des parties civiles" déplore l'association.
J'espère qu'au fur et à mesure que l'on se rapproche du procès, d'autres victimes vont se rapprocher de nous.
Homayra Seillier, présidente de l'association Innocence en danger
Au total, une soixantaine d'enfants de l'ASE du Nord seraient passés par ces familles d'accueil. Autant de victimes potentielles. "Cela vient démontrer la peur très prégnante chez les victimes de faire entendre leurs voix dans une telle procédure qui vient remettre en question le fonctionnement de l’Aide sociale à l’enfance", avance l'association, qui lance un appel à témoigner de toute personne ayant été victimes, ayant eu connaissance ou ayant été en contact avec ce réseau.
Pour contacter Innocence en danger : contact@innocenceendanger.org
