"La population vieillit donc, l'enjeu est de taille !" Fatigue visuelle, dyslexie, malvoyance : cette entreprise veut rendre le digital plus accessible

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Créée en 2018, la startup revendique cinq millions d'utilisateurs à travers le monde. ©Antoine Jégat / Caroline Huet - France Télévisions

Pour une personne sur trois, naviguer sur Internet peut relever du parcours du combattant. La start-up Facil’iti, basée à Limoges, commercialise des solutions d'accessibilité numérique.

C'est un petit logo discret, que l'on trouve généralement en haut ou en bas des sites Internet, sous la forme d'un œil ou d'un bateau en papier. Derrière ce logo, l'une des rares entreprises françaises spécialisées dans l'accessibilité numérique comme l'entreprise Koena ou encore Tanaguru : Facil'iti. 1300 sites ont déjà été équipés par la start-up limougeaude de trente salariés, dont le siège se trouve à la technopole ESTER. 

“Quand vous cliquez sur ce logo, vous allez pouvoir sélectionner votre trouble ou votre handicap." explique Frédéric Sudraud, le fondateur de Facil'iti, devant son écran d'ordinateur. "Si j’ai un trouble de la vision, par exemple si je suis daltonien et donc que je n’arrive pas à distinguer le rouge, alors l’ensemble des couleurs rouges disparaîtront pour ne garder que le spectre colorimétrique perceptible par mon oeil.” 

Un marché en plein essor

La petite entreprise apporte une réponse à une trentaine de handicaps et de troubles cognitifs différents. Elle revendique cinq millions d’usagers et enregistre 35% de croissance chaque année. Et pour cause, elle surfe sur un marché porteur : le vieillissement de la population : “La population française, comme la population mondiale, vieillit", poursuit Frédéric Sudraud. "Les troubles moteurs et cognitifs seront de plus en plus nombreux. L’enjeu est de taille : si on n’a plus accès au digital lorsque l’on est une personne vieillissante, on se coupe de la possibilité d’acheter, de consommer, de remplir des questionnaires, voire d’avoir de l’information.”

Facil’iti est gratuit pour les usagers. C’est donc aux sites Internet de s’adapter, conformément à la loi de 2005 sur l'égalité des droits et des chances pour les personnes en situation de handicap. L’abonnement coûte entre 350 euros et plus d’un millier d’euros par mois pour les sites qui attirent chaque jour des millions d’utilisateurs. “On arrive à équiper les sites e-commerce par exemple, qui prennent en compte ces différentes difficultés en lien avec le parcours utilisateur, car ils peuvent être à l’origine d’abandons de panier", affirme Monika Pancer, responsable des ventes pour la France. Parmi leurs clients, on peut citer Cdiscount, le festival Rock en Seine ou encore le géant du luxe LVMH.

Haut de gamme

Chaque client est équipé de la solution par l'un des dix installateurs de l'entreprise. Contrairement à certains de leurs concurrents, ces développeurs ne se contentent pas d'apposer un algorithme. Chaque site est décortiqué et adapté, page par page, pathologie par pathologie... ce qui peut prendre des heures. Un service haut de gamme permettant à la PME du Limousin de se hisser dans le top trois mondial des prestataires.

On se sert du code du site Internet en se greffant par-dessus pour réaliser des interventions humaines : adapter la police au rétrécissement de la fenêtre, en fonction de l'écran, etc.

Jérémy Jourde, développeur

Nouveaux produits

Facil’iti voit plus loin, avec, par exemple, une application pour personnes dyslexiques, récompensée par un prix au dernier au CES de Las Vegas, le rendez-vous mondial des entreprises de la tech. MYdys est une application permettant de numériser n’importe quel document papier, y compris manuscrit, et de l’adapter en fonction des difficultés rencontrées.

“On vise avant tout le monde de l’éducation, parce que c’est là que se joue l’apprentissage de la lecture. On aimerait que cette application soit utilisée dans toutes les classes où il y a des enfants dyslexiques, c’est-à-dire environ 6% des effectifs,” espère Jérôme Debord, chef de projet.

Des lunettes connectées devraient également voir le jour d’ici à la fin de l’année. La petite start-up limougeaude veut toujours conquérir le monde de la tech.

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