À quelques jours de la fin du scrutin des élections dans les chambres d’agriculture, le taux de participation reste faible. Après des mois de mobilisations agricoles, comment expliquer que cette élection ne mobilise pas plus le monde agricole alors que les enjeux sont importants ? Illustration en Limousin.
Les élections syndicales sont souvent marquées par une forte abstention des salariés en France. Ainsi, à trois jours de la fin du scrutin, en Haute-Vienne par exemple, seulement 27 % des salariés agricoles avaient voté pour élire leurs représentants à la chambre d'agriculture du département.
Une autre époque
Pour Thomas Marty, politologue et spécialiste des élections, ce phénomène d'abstention s'explique par un manque d'intérêt, car les salariés n’arriveraient plus à se projeter, à croire en l’action syndicale, en son influence.
Un sentiment qui s’est accentué à la fin des années 1990. Auparavant, les ministres étaient fréquemment proches du monde syndical, comme François Guillaume, issu de la FNSEA, devenu ministre de l'Agriculture du gouvernement Chirac entre 1986 et 1988. Ces hommes politiques avaient plus de poids dans les gouvernements et donnaient aux agriculteurs le sentiment qu’on les écoutait davantage, ce qui pouvait expliquer, notamment, une plus forte mobilisation lors de ces élections.
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Un manque d'identification ?
En tentant de joindre des professionnels, certains n'ont pas souhaité s'exprimer sur les raisons de cette faible mobilisation. D'autres nous ont répondu, mais souhaitent conserver l'anonymat : un agriculteur nous confie ainsi : "Quand on ne voit pas de changement, on est déçu donc on ne va pas voter. Le manque de changement fait l’abstention".
Un autre agriculteur, toujours sous couvert d’anonymat, raconte, de son côté, qu’il ne votera pas, car il ne se retrouve pas dans les candidats. Pour lui, "la FDSEA est trop marquée Emmanuel Macron, la Coordination rurale est trop radicale ou trop violente et la Confédération paysanne, elle, est trop écolo !" Cet agriculteur fera sans doute partie des nombreux abstentionnistes cette année.
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En 2019, un exploitant agricole sur deux n’avait pas voté. Les votants ont jusqu’au 31 janvier pour s’exprimer, par internet ou par correspondance.